PSEUDOS DES PARTICIPANTS : Zebadiah A.M. Huddelston & Nemo T. Morrigan SUJET OUVERT PAR : Nemo T. Morrigan. DATE ET HEURE : le 31 juillet 2012 à 15h00. LIEU : le supermarché, rayon pharmacie. météo : Soleil qui tape sévère, mais on s'en fout, on est dans un supermarché climatisé. CONTEXTE DE LA RENCONTRE : Nemo achète du shampoing et croise celui qu'il essaye de remettre sur le droit chemin entrain de se fournir en capotes. DE L'EAU AUX ALENTOURS ? Peut-être les bouteilles d'eau ? Sinon, non.
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Nemo T. Morrigan
CRÉDIT : bazzart & tumblr
MESSAGES : 222
ARRIVÉE : 25/07/2012
ÂGE : trente deux ans.
SITUATION : veuf.
EMPLOI : géologue, spécialiste en vulcanologie. vulcanologue, quoi.
« Pfff. » Je tourne une page. « Pfffffff. » Une autre. « Putain mais je m’en fous de savoir que ces connards ont couchés ensemble, tu parles d’un magazine grand publique. » Je repose le document maléfique sur son pupitre en grommelant. Je fais un rapidement mouvement droite-gauche avec ma tête pour vérifier que je suis seul dans la petite allée. Les caissières sont occupées avec les clients et il n’y a pas d’agents de sécurité qui me surveillent pour le moment. Oserais-je le faire ? Oserais-je troubler l’ordre public pour la justice et l’ordre ? Un peu comme un chevalier obscur, je m’efforce de faire ce que les autres n’osent pas faire par crainte de réprimande. Je me gratte ma barbe naissante en tapant le sol du pied par nervosité. Je jette un nouveau coup d’œil derrière moi, les caisses sont remplies, personne ne me voit. Je sors un stylo de la poche de mon blouson noir, auquel je retire le capuchon rouge. C’est la faute de ces magazines aussi. Tout ce que je veux, c’est vider mon esprit après avoir passé du temps sur mes recherches, j’ouvre la revue qui parle de décoration d’intérieur et je tombe nez-à-nez avec une démonstratrice assise sur un fauteuil. Et putain, on voit plus ses obus avec son décolleté plongeant que l’énorme table qui trône en plein milieu de la double page. Je soupire. Je le repose. J’attrape celui d’à côté pour peut-être espérer autre chose. Pire. Me voilà de retour avec mon stylo à bille dégainé. Très rapidement, je raye le titre du journal que je remplace par un gentil « P.O.R.N.O. » écrit en majuscule, en ayant appuyé particulièrement. Mon devoir ici est fait, je range mon arme dans ma poche et m’éloigne de la scène du crime. J’agis puérilement, vrai. Je le regrette, faux. En ce moment, j’ai la fâcheuse tendance à côtoyer des énergumènes de la ville. C’est peut-être eux qui ont une mauvaise influence sur moi. En même temps, cette faiblesse que j’ai d’aider mon prochain me perdra. Oui, oui, il faut que j’arrête d’être moralisateur. Que je m’occupe juste de mes fesses. « Et de ma barbe. » Je pense à voix haute alors que mon reflet dans le miroir d’en face me rappelle à l’ordre. Je vais bientôt ressembler à Jésus. Je frotte mon menton et je continue mon chemin à travers les allées du supermarché.
Je n’aime pas spécialement venir ici. Il y a toujours des emmerdeurs à chaque recoin et des choses qui m’exaspèrent à chaque virage que je fais. Un gosse qui court partout en criant qu’il veut le nouveau jeu vidéo à la mode. La femme qui gueule parce qu’on lui a marché sur le pied. Les adolescentes qui piaillent comme des dindes devant les affiches des minets tout droits sortis d’un film Disney et les jeunes qui n’alignent pas un mot sans faire de fautes de grammaire et qui sèchent les cours, comme s’ils pensaient qu’un travail allait leur tomber dessus en glandant toute la journée. Comme d’habitude, j’erre sans qu’on me remarque. Tant que je ne vois pas une bande d’adolescentes en mini-jupe, mon âme reste sereine. Rayon boite de conserve. Je passe rapidement sur les boites de thon, je n’aime pas le thon. Ils ont vraiment de la bouffe immonde ici. Je regrette mon Irlande natale avec ses moutons et sa verdure.
Rayon pharmaceutique. Il serait peut-être tant que je me rachète du shampoing. La technique du « je mets de l’eau dans la bouteille et je mélange avec le peu de shampoing qu’il reste » c’est efficace un jour ou deux. Je fonctionne avec ça depuis une semaine entière. Je passe une main dans ma tignasse brune qui sent bon la noix de coco. La chose bizarre est que je hais le goût de la noix de coco mais que j’idolâtre son odeur. Je chope la première bouteille qui passe sur ma route sans prendre la peine de m’arrêter. Je contourne le rayon central qui compose l’espace pharmacie du supermarché et tombe nez-à-...crâne avec une crinière sombre. La tête se heurte contre le haut de mon torse. Petit. Sa coiffure décoiffé me semble tellement familière que je hausse un sourcil une demi-seconde après la douce collision. Ma bouteille de shampoing qui ne pique pas les yeux tombe au sol à cause du choc, le gamin fait tomber quelque chose également. « Excuse, gamin. » Je me baisse, sans faire attention à la caboche du nain pour ramasser mon futur achat et sa boite… « Capotes… ? Hé, t’es pas un peu jeu… » Je me redresse, mon sermon déjà préparé quand son visage se dévoile à mes prunelles amandes. Ze.. « badiah… putain ! » Oui, je ne prononce que les deux dernières syllabes de son satané prénom. Tout s’est enchainé si vite que je ne l’ai même pas reconnu sur le coup. Mes mots sortent de ma bouche comme si je les crache. J'articule mal. Encore un peu sous le choc. « Tu sèches encore ? Sérieux, faut que je t'envoi en cours par la peau du cul ? » Je mets en évidence le paquet de préservatifs. « Et tu deviens gigolo maintenant ? Tu veux pas que je t'achète de l'héroïne pour que t’aille te piquer dans les toilettes, aussi ? » Mon sermon part en vrille. J’ai envie de lui donner une tape sur le crâne. Je me retiens. J’attends qu’il s’explique. Comme un père attend de mettre sa raclée à son fils. Tu vas prendre cher, gamin. J’en oublie même mon shampoing à la noix de coco qui meurt à petit feu, au sol.
Il faisait étrangement chaud pour un jour d’hiver, mais Zebadiah n’avait pas à s’en plaindre – cela lui avait permis de ressortir de son armoire un de ses nombreux shorts. Oui, ceux qui lui arrivaient à mi-cuisses et qu’encore il retroussait, lui donnant cet air de jeune adolescente à la mode. Mais au moins, les shorts, Zebadiah les portait bien. Jeté par-dessus, un t-shirt délavé représentant le drapeau américain et à ses pieds, des Doc Martens jaunes. Et le tout allait parfaitement ensemble. Sur ses oreilles, un casque le coupait du monde. La musique de Ben-Hur retentissait dans ses oreilles, lui donnant un sentiment de puissance et d’épique exagéré. Quoiqu’il vaut mieux ne pas se sentir impuissant quand on s’en va acheter des préservatifs… haha. Et pour Zebadiah, cela avait tout d’un voyage épique. Habitué à ce qu’un majordome fasse les courses de ce genre pour lui, c’était bien la première fois qu’il devait acheter ceci ici. Surtout que d’habitude, on ne lui ramenait pas des préservatifs du supermarché. Mais de magasins spécialisés. Oui, cela existait ! Mais pas à Cooktown. Il faut dire, le mignon n’avait pas encore trouvé un seul sexshop dans les environs. Lamentable.
Le châtain remit une pastille à la menthe sur sa langue et chercha, nez en l’air le rayon des lubrifiants anneaux vibrateurs et tout le reste. Et le trouva dans le rayon pharmacie, ce qui le fit lever un sourcil. C’est vrai, si Zebadiah avait trouvé les préservatifs entre deux paquets de biscuits ou deux sachets de brocolis surgelés, il aurait trouvé cela encore plus bizarre. C’est vrai que c’était lié à la santé, mais quand-même… poser ces outils à l’amour entre les brosses à dents et les crèmes dépilatoires, c’était tout sauf érotique. Bah, il ne fallait pas trop en demander à un supermarché perdu en Australie. Bien, il ne restait à présent plus qu’à choisir. D’office, Zebadiah écarta de son choix ceux déjà lubrifiés ; sachant d’expérience qu’ils séchaient trop vite et que mieux valait prendre des préservatifs classiques et un flacon de lubrifiant. Tiens, ils y en avait à la mangue… sérieux. Curieux, le châtain saisit la boîte et l’observa. Jusqu’à ce que quelqu’un d’un peu trop pressé ne lui rentre dedans et ne fasse tomber de ses mains la boîte. Reconnaissant de suite la voix qui venait de l’appeler ‘gamin’ (de quoi le faire enrager pour une journée), Zebadiah enleva ses écouteurs de ses oreilles. Quoiqu’il aurait peut-être dû les garder, pour que la douce musique atténue les reproches qui, l’américain le savait, allaient lui tomber dessus. Quand les dernières syllabes de son prénom sonnèrent, sur un ton outré, le châtain serra les dents. Et voilà que papi radotait… Zebadiah ne lui avait-il pas déjà expliqué qu’il n’était pas scolarisé ? Sa mine se défit… ah, il avait bien envie de jouer… de rentrer dans le gras de Nemo.
Saisissant un lubrifiant et arrachant la boîte de préservatifs des mains du fantasque croyant qui devait avoir non pas un balai mais deux balais coincés entre les fesses, le jeune démon demanda, d’une voix rapide « Nan, j’préfèrerais que tu m’aides à me décider… J’aimerais acheter ces capotes à la mangue mais faut du lubrifiant avec, le problème c’est que j’ai peur que ça gâche le goût des capotes si jamais la nana elle décide de m’finir à la bouche tu vois… » Mais qu’est-ce qu’il ne racontait pas comme idioties, juste pour faire sortir l’imposant homme de ses gonds. Déjà qu’il semblait à moitié fou, avec sa barbe de trois jours. Quoi qu’il était fou. Oui. Zebadiah en était convaincu. Nemo devait souffrir de sévère désillusions et se place était dans un hôpital psychiatrique. Et, parce qu’il fallait toujours en rajouter un peu, le châtain tira la langue au chevalier de Dieu, bouche ouverte, laissant voir la pastille ronde qui sur sa langue fondait, avant de dire « t’inquiète pour la drogue, mon pote. J’ai déjà tout c’qu’il faut ». Si Nemo savait qu’il y avait besoin d’une seringue pour l’héroïne, peut-être arriverait-il à prendre l’innocent cachet mentholé pour de l’ecstasy. Zebadiah ferma ensuite sa grande gueule, alors qu’il sentit tous ses muscles se contracter. Comme, lorsque sur la piste, il attend que le drapeau s’abaisse… prêt à appuyer sur l’accélérateur. Mais là, c’était ses jambes qui se tenaient prêtes à détaler, à toute vitesse, si jamais le besoin s’en faisait ressentir. Parce que c’est amusant de provoquer, mais un peu moins de se faire taper !
La noix de coco. J’aimerai tellement être sous ma douche entrain de sentir cette délicate odeur des îles plutôt que d’être là, devant ce nain qui ne daigne enlever ces écouteurs qu’après une bonne dizaine de secondes. Il ne semble absolument pas réceptif à mon premier reproche quant à son avenir scolaire. Non mais sans déconner, pourquoi diable me casserais-je le cul pour un gnome qui n’en a absolument rien à péter de ses études ? Je ne sais pas. C’est triste à dire. Il ne cesse de me répéter depuis notre rencontre d’il y a quelques semaines qu’il n’est plus scolarisé, qu’il est majeur. Mais on me l’a fait pas à moi. Petit – du genre nain sans être atteint de nanisme pour autant. Capacité intellectuelle d’une fourmi. Dépravé. Mal éduqué. C’est un adolescent en pleine crise. Je souris en dépoussiérant mon tee-shirt blanc et mon jean's, tout aussi simple. Amusant, il se vexe toujours quand on le traite de gamin. Même si cette fois-ci ce n’est pas volontaire car que je l’ai véritablement pris pour un innocent bambin. Mais tout ça n’est que détail à côté de ce qui m’offusque réellement dans tout ce bordel de rencontre du destin. L’objet intolérable qu’il a fait tomber lors de notre collision, qui à séjourner sur le sol, aux côtés de ma bouteille de noix de coco et qui est à présent entre mes mains. Une boite de préservatifs. Mon regard se pose sur elle, alors que je viens de terminer mon discours moralisateur, qui, à défaut d’être subtile et calme, témoigne fidèlement de mon état d’esprit actuel. Je la tourne entre mes mains. Pour un plaisir décuplé. Sexe. Il y a même, au dos de la boite, des petits dessins pour apprendre à l’utilisateur comment bien dérouler la capote. Mes yeux sont écarquillés. Et le fait que cette chose immonde trône à côté des cotons-tiges et des pansements pour enfants ne fait qu’ajouter de l’eau à mon moulin de consternation. Il est sûr et certain que la direction du supermarché va attendre parler de moi. Et puis, il me l’arrache des mains.
Coupable. Zebadiah ne fait que s’enfoncer dans sa culpabilité en se pavanant avec sa boite de capotes et le lubrifiant qu’il vient de saisir. Il me sourit. Démon. Ses phrases s’enchainent tellement vite et contiennent tellement d’atrocités que je ne capte, au final, que dalle. « Finir à la bouche ? » Je ne comprends pas. Je répète la fin de sa phrase, très lentement, comme un androïde essayant de comprendre les expressions humaines déplorables. Mon cerveau m’envoie quelques décharges pour me signaler qu’il faut que je pète un câble, que je crie à la dépravation. Mais j’essaye toujours de déchiffrer les paroles du jeune. Mon visage pensif, un peu dans les nuages, le traduit bien. Je pense que cela a un rapport avec une relation sexuelle, forcément, autrement ça n’aurait aucun sens. Pourquoi les jeunes ne peuvent pas parler correctement ? Finir quoi ? Qu’est-ce que cette « nana » aurait commencé ? Pourquoi la bouche ? Ça n’a aucun sens. « Putain, j’pige rien. » Je remue la tête de droite à gauche, comme pour chasser ce casse-tête chinois de mon esprit. « Mais une chose est sûre, va falloir que tu me passes sur le corps, si tu veux sortir de cet endroit avec …. Ça ! » Je pointe du doigt les capotes goût mangue et l’autre chose. Fruit de la passion, mon cul.
Je remarque très vite que le garnement s’amuse à me tourmenter. Comme d’habitude, je dirais. Pour finir de m’achever, même s’il vient d’exploser le quota de choses qui me rendent dingue en quelques minutes, voire quelques secondes, il ouvre grand la bouche. Je m’attends à voir un odieux piercing qui lui transpercer la langue. Mais une simple pastille verte s’impose à la place, en train de fondre et de colorer le tissu spongieux de Zebadiah. Je mets quelques secondes à faire le rapprochement entre ce geste immature et la phrase qu’il vient de cracher juste avant. Drogue. Pastille. « Putain, gamin, me dis pas que… » Crédule, peut-être. Mais je ne peux pas me permettre de laisser passer ça, même s’il s’agit de provocations. Et puis, ça se trouve, il est vraiment drogué à l’heure où je lui parle. Ça ne m’étonnerait pas. Racaille, va.
Je sens qu’il veut s’enfuir. Comme à son habitude. Une dernière et ultime connerie débitée et il se casse en se fendant la poire. Je cours pour essayer de lui foutre une torgnole, comme un pokémon, mais je ne suis plus aussi athlétique que dans ma jeunesse. Je dois faire quelque chose. Là, tout de suite, maintenant. Pendant que nous sommes seuls dans le rayon et qu’aucun parasite extérieur ne peut intervenir.
Ça commence avec la drogue et ça finit avec un bukkake dans une cave. Je lui saisis le poignet, l’air grave et sérieux, en courbant l’échine pour me mettre à sa taille. Oui, je dois me casser le dos. Nain, je te dis. « Recrache moi cette merde tout de suite, stupide gamin. » Je ne déconne pas. De mon autre main valide, je lui choppe la mâchoire pour l’obliger à entrouvrir sa bouche une nouvelle fois. Sans douceur. Ça lui fait peut-être mal, mais il me remerciera dans quelques années. Je dois faire vite, la pastille a presque entièrement fondue. Ses pupilles vont bientôt se dilater et il va commencer à vouloir faire l’amour à un arbre. C’est vraiment de la drogue ? Pas le temps d’hésiter, moussaillon ! On passe sur le fait que dans l'accomplissement de mon geste héroïque, j'ai lamentablement écrasé la bouteille de shampoing, qui se vide tristement au sol. Une flaque blanche se forme. Est-ce symbolique ? NON.