Maisy venait de s’éveiller paisiblement, ellee sentait encore les chauds rayons du soleil qui filtrait à travers de la fenêtre, contre son corps. Elle aimait cette sensation de chaleur contrôlée, ni chaude, ni froide. Les yeux toujours clos, profitant de cet instant de sérénité parfaite, elle ne pouvait s’empêcher d’esquisser un léger sourire. Le silence régnait autour d’elle comme un havre de paix. Elle savait que ce moment de durerait pas, les meilleurs ne durent jamais. Un instant de bonheur vaut mille ans de l’histoire, disait Voltaire. Les paupières encore lourdes, le soleil à son zénith l’aveugla quand il tenta de les ouvrir. Elle poussa un gémissement déplaisant, avant de se retourner et de s’enfoncer la tête dans son oreiller alors que son bras pendait lamentablement dans le vide. Elle avait toujours été, une grande dormeuse et sa paresse n’avait jamais aidé à la faire sortir du lit plus vite. Maisy était en jour de repos aujourd’hui et même si elle adorait son travail, ses études, elle appréciait aussi de rien n’avoir à faire, n’avoir aucunes contraintes. Elle prenait son temps. C’était le seul jour où son réveil ne la réveillait pas en lui bousillant les tympans. Son portable se mit à vibrer sur sa table de nuit, elle tendit machinalement son bras pour l’empêcher de tomber sur le sol, la tête toujours enfoncée dans son oreiller. Une fois dans sa main, elle le posa sur son matelas, à côté de oreiller et elle se mit à le fixer. Elle ne voulait pas regarder ce que c’était, simplement rester dans son lit, sans rien faire, toute la journée. Elle se redressa violement, les cheveux en bataille sur la tête, elle ne pouvait pas se permettre de faire ça. Cela ne se faisait pas. Elle saisit son portable. C’était Vitanie. Winchombe-Smythe. La demi-sœur d’Aaron. Sa future belle demi-sœur. Maisy s’entendait plutôt bien avec elle, même si elle ne la connait pas plus que cela. Elle avait le même âge. Elle lui proposait de la retrouver à la plage. Elle accepta sous certaine condition : elle ne voulait pas s’approcher de l’eau. C’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait pas. Sentir ne serait ce qu’une goute d’eau rouler sur sa peau lui rappelait l’accident qui avait coûté la vie à son petit frère et éloigné sa famille à jamais. Sans compter que le fait, qu’elle se retrouve à proximité de l’eau ne faisait qu’accroître sa culpabilité. Son petit frère, dont elle avait la responsabilité, est mort. Elle était persuadée que si, elle avait réagi plus tôt, il serait encore parmi eux. C’était de sa faute. C’était dur à dire, mais elle avait à vivre avec. Ces nuits de cauchemars étaient là pour lui rappelait son erreur. Toutes les nuits, sans exceptions, elle se retrouvaient sur le bateau familial délabré, prise au piège, toute les nuits, elle se noyait dans les profondeurs de l’océan avec la voix de son petit frère qui ne cessait de répéter « Tu m’as tué ».

D’une main ferme, elle balança son édredon sur le plancher de sa chambre, qu’elle enjamba maladroitement pour sortir de sa chambre. Elle était seule. Aaron avait dû partir travailler. Elle ne l’avait même pas entendu. Le téléphone toujours dans la main, elle continuait sa conversation avec Vitanie, alors qu’elle se précipita dans la salle de bain pour se préparer. La douche qu’elle prit fût aussi rapide que relaxante. Elle entoura son corps, encore dégoulinant d’eau, d’une serviette blanche. Elle devait être à la plage dans une vingtaine de minutes. Elle détestait la sensation qu’elle éprouvait lorsqu’elle sortait de douche. Ses poils s’hérissaient à cause du changement de température brutal. Elle ne traînait jamais quand elle sortait de la douche. Sans grande conviction, elle ouvrit la porte de son armoire. Elle avait tellement de vêtement, que même certaines piles étaient posés par terre. Elle ne savait plus où regarder tellement il y a en avait mais elle aimait avoir le choix, et comme, elle pouvait se le permettre, elle n’hésitait jamais deux fois. Voyant les minutes courir son téléphone, elle ne prit pas le temps de sélectionner ses vêtements et enfila la première robe qui lui tomba sous la main : une robe en coton blanche bouffante , resserrée par une ceinture rouge à la taille, qui soulignait d’ailleurs, sa finesse. Elle compléta, avec de simples ballerines blanches. Elle n’avait jamais comprit les filles qui enfilaient des paires de talons aiguilles alors qu’elle savait pertinemment qu’elles allaient à la plage et qu’elles n’allaient pas les garder aux pieds.

Même si, elle n’habitait pas très loin de la mer, en vingt minutes, et moins maintenant, elle avait besoin de sa voiture. Elle se glissa rapidement et peu rassurée dans son habitacle. Elle n’aimait pas conduire, non plus. Elle n’était pas à l’aise. Elle avait peur de se faire emboutir, avoir un accident, ou pire, en provoquer un, encore un. A peu près toutes les choses qu’elle faisait quotidiennement la ramener à son ange blond de petit frère : William, même si elle essayait de ne plus y penser. Il la hantait d’une façon où d’une autre. Le trajet jusqu’à proximité de la plage se déroula sans encombre, comme toujours d’ailleurs, l’anxiété de Maisy lorsqu’elle était au volant, faisait qu’elle redoublait de prudence. Elle n’allumait jamais l’autoradio pour être sûre d’être bien concentrée sur la route, mais aux alentours de neuf heures du matin, elle était pratiquement déserte. Les gens devant travailler l’ayant déjà empruntée. Elle se gara, non loin de la plage mais elle assez pour devoir marcher une centaine de mètres. Le vent qui soufflait légèrement jouait ses mèches blondes. Elle sourit. Il se passait toujours la même chose quand elle était à la plage, ses cheveux voletaient légèrement derrière elle.

Ses pieds s’enfoncèrent dans le sable chaud, dès lors qu’elle en eût assez de le sentir coincer entre ses orteils elle retira ses ballerines et les porta dans une de ses mains. La température du sable était agréable. Il fallait dire qu’aujourd’hui, on ne battrait pas à un record niveau température mais il lui était déjà arrivée de marcher dans le sable brûlant, tellement, qu’il en était presque douloureux de marcher dedans jusqu’à la plage. Elle avança fixant à toujours de rôles, les personnes, l’écume et l’horizon. Elle crut apercevoir, au loin, Vitanie. Elle n’était pas sûre mais elle décida de marcher dans sa direction. « Bonjour Maisy ! Tu es en retard ! » l’interpella alors la jeune femme. Maisy esquissa une rapide moue boudeuse mais elle ne releva pas, elle détestait être en retard, Vitanie venait juste de pointer du doigt sa ‘grande’ faute même si elle l’avait dit plus sur un ton ironique, pas sur un ton de reproche. « Enfin, comment vas-tu ? Et comment va mon très cher demi frère. » demanda alors Vitanie, qui changeait de sujet pour engager une autre conversation. Elle lui fit signe de s’assoir à côté d’elle en tapotant dans le sable. Maisy s’exécuta et s’assit. Elle ramena ses genoux vers son corps et les entoura de ses bras. Un reflexe de protection même si elle était loin de l’océan. « Je suis désolée et je vais bien, tout comme ton frère ! Et toi, comment vas-tu es quoi de neuf ? » demanda-t-elle alors, poliment. En attendant sa réponse, elle se perdit dans la contemplation de l’océan. Elle n’arrivait définivement pas à comprendre, comment des gens pouvaient passer des heures à le contempler. Ce n’était que de l’eau, la même qu’on retrouvait dans un verre et pourtant on ne passait pas trois heures à l‘admirer.