• Avez-vous des rêves ou des espoirs pour le futur ? Aucun. Mise a part peut-être le fait d'essayer de garder contact avec mes parents.
• Dans la vie, on a des hauts et des bas. Si vous deviez nous raconter le souvenir le plus heureux de votre vie, lequel serait-il ? Quand j'étais petite, mon père avez l'habitude de m'emmener dans le parc et on jouais tous les deux ; je crois que ces moments avec mon père et ma connivence avec lui ont fait que j'ai été la plus heureuse des petites filles.
• Si vous aviez l'opportunité de remonter le temps, quel événement de votre vie changeriez vous ? Peut-être le jour quand Clyde a été mis à la porte. Peut-être.

• Vivant dans une petite ville côtière, aimez-vous vous aller nager ou profiter des plages de Cooktown ? Je préfère aller nager et ensuite profiter du soleil, en bronzant sur le sable doux.
• Avez-vous déjà assisté à un phénomène étrange ou surnaturel ? Oui, quand mon frère m'a montré ce qu'il pouvait faire avec l'eau ; ce qui était sincèrement très étrange.

Secouant ses cheveux blonds dans tout les sens, Aileen se retenait de ne pas pleurer. Il fallait être forte. Ce n'était qu'une petite égratignure après tout. Elle attendait son père, la main posé sur son genou ensanglantée. Elle n'avait que huit ans, et c'était déjà une enfant très dynamique. Sa petite égratignure était la cause du fait qu'elle venait de tomber à vélo. Un fâcheux accident, qui certes aurait pu être pire. Ce n'était pas son genre de pleurer ; elle essayait d'être forte, de ne pas pleurer ; même si quelques larmes semblaient lui monter aux yeux. Puis, son père arriva enfin. Il avait voulu la soigner lui même. Soigner son petit bébé à lui, comme il pouvait si bien le dire. Un sourire venait se glisser sur le visage de la petite fille, avant que son paternel ne lui fasse une bise sur la joue. Les petits bras de Aileen viennent s'agripper au coup du jeune homme ; avant de reprendre son vélo pour repartir rouler dans les rues de Edimbourg. Étant enfant, Aileen avait réussi à avoir une réelle complicité avec son père. Celui-ci la choyait avec tellement d'amour, d'affection, que son enfance n'en était que plus heureuse. Certes, elle était aussi proche de sa mère. Mais beaucoup moins. Celle-ci ne la protégeait pas autant. Son père, quant à lui n'hésitais jamais à lui acheter diverses cadeaux, à passer du temps avec elle. D'ailleurs, l'argent n'était pas quelque chose qui manquait ; la famille Murdoch avait les moyens. Revenant quelques instants après chez elle, la petite fille sourit à l'intention de son père, qui n'hésitais pas à savoir comment ce portait à présent son genou. Aileen avait une enfance facile, agréable. Elle avait ce qu'elle voulait.

Riant aux éclats, Aileen s'amusait avec son frère Clyde. Bien que celui-ci avait cinq ans de plus qu'elle ; les deux jeunes gens étaient assez proche. Leur différence d'âge les avait rapproché au lieu de les éloignés. Elle appréciait passer du bon temps avec son frère ; elle appréciait sa compagnie. Leur différence faisait que chacun trouvait son compte dans l'autre. Même si la jeune blonde ne pouvait s'empêcher quelquefois de prendre le parti de ses parents dans quelques discussion au sujet d'eux avec Clyde. Puis, par rapport à lui elle était quelqu'un d'assez forte, qui ne montrait que très rarement ses émotions. Les coups durs c'étaient elle qui les encaisser le mieux. Même si à priori dans une fratrie, ce devait être le plus âgé qui devait être plus protecteur. Pourtant, ce n'était guère le cas. Cela n'enlevait rien au fait que la jeune fille considérait véritablement son frère, comme son meilleur ami. Elle lui confiait tout, elle pouvait parler de tout avec lui. Il n'y avait guère de secrets entre eux. D'ailleurs, quand Clyde avait avoué son homosexualité à sa sœur, celle-ci n'avait pas été très surprise. Car c'était son choix à lui. Elle n'avait pas à dire quoique ce soit. Et elle savait que cela n’enlèverait rien à leur complicité. La jeune fille avait eu raison.

Assise autour de la table à manger, Aileen posa ses yeux bleus sur sa mère, avant de les poser ensuite sur son père. Elle baissa quelques secondes après le regard pour se concentrer sur son assiette. Même si elle n'avait pas faim. Elle faisait semblant. Seulement, sans Clyde cela faisait un vide. Mais, la jeune fille préféra ne rien dire. Elle n'en parlait pas. Elle n'avait d'ailleurs, dit aucun mot sur le fait que Clyde avait été mis à la porte après que ses parents avaient découvert son homosexualité. Bien que cela était impondérable. Si elle disait le moindre mot, protester sur le fait que c'était honteux de mettre son propre fils à la porte, Aileen se doutait que cela risquait de l'éloigner de son père. Et ça elle en était incapable. Elle avait beaucoup trop besoin de cette figure paternel ; elle n'avait d'ailleurs pas encore le courage de se défaire de son emprise. Le dîner continua dans un silence des plus totale, sans que chacun ne dise un mot.

Les seules fois où Aileen pouvait voir son frère, c'étaient quand elle lui rendait visite après les cours, ou alors pendant ses temps libres. Elle n'hésitais pas à l'appeler non plus. Car elle avait besoin de lui. Il restait son meilleur ami, son frère qu'elle chérissait, et la personne avec qui elle se sentait le mieux pour pouvoir parler de tout et de rien, pour se confier le plus souvent aussi. Quelquefois, elle lui parlait aussi du climat tendu qui régnait depuis son absence, du vide que son départ imprévu avait laissé. Même si elle savait que cela était de la faute à son père.

Un jour, lorsqu'elle lui rendit visite, Aileen trouva son frère seul et au plus mal. Celui-ci ne mit pas longtemps à lui annoncer sa rupture avec Finnick. Finnick, un jeune homme que la jeune fille connaissait vaguement. Elle n'avait jamais été proche de l'ami à son frère, ne lui ayant parlé que très rarement. Toutefois, lorsque son frère lui raconta la raison de cette soudaine rupture, la jeune blonde fut éberluée durant les premières secondes. Il se disait qu'il serait mirobolant si la raison de cette rupture était aussi étrange que cela pouvait paraître. Mais, elle savait que Clyde ne lui mentait pas, il n'avait aucune raison de faire cela. Après quelques minutes de silence, elle finit par croire à ce que lui disait son frère. Lorsque Clyde lui montra ce qu'il pouvait faire avec l'eau, la jeune fut sans voix. Pourtant, elle fut aussi ravit. C'était un triton. C'était à la fois étonnant qu'un tel phénomène puisse arriver. Mais, c'était jouissant de savoir que dans ce monde, il y avait véritablement des choses étranges qui pouvaient arriver. Elle prit la nouvelle positivement ; avec une joie non dissimulée. Même si quant à son frère, lui ne semblait pas prendre cela comme un don du ciel, mais comme quelque chose de malheureux. Ce fut à cet instant là, qu'elle comprit que son frère avait besoin d'elle encore plus qu'auparavant ….

Lorsqu'un beau jour Clyde annonça à la jeune fille qu'il quittait l’Écosse pour partir en Australie, Aileen fut insurgée de cette nouvelle. Elle se sentit trahie et abandonnée par ce frère qu'elle adorait tant. Ne comprenant pas ce départ soudain, elle prit quand même sur soi le jour du départ. Afin de paraître toujours aussi forte, même si ses yeux rouges trahissaient quelques larmes. Pourtant, elle savait qu'elle ne pouvait rien faire pour retenir Clyde et que malgré cela elle ne pouvait pas lui en vouloir. Aileen avait très bien vu la spirale infernale de dépression dans laquelle était tombé son frère ; elle savait qu'un changement de vie ne pouvait que lui être bénéfique. Toutefois, la trahison ne cessait d'être présente dans son esprit. Car elle se retrouvait seule ; face à son père qui avait toujours une emprise sur elle dont elle n'arrivait pas encore à se détacher.

Les jours, les mois passèrent. Un an s'était écoulé depuis que Clyde était parti s'installer en Australie. Savoir que son frère était seul d'un pays étranger, qu'il était dépressif et qu'il était sûrement en train de détruire sa vie, la mettait hors d'elle. L'idée d'aller le rejoindre lui venait de plus en plus en tête. Ce fut un jour, après quelques instants d'intenses réflexion, que Aileen décida d'annoncer la nouvelle à ses parents. Ses parents étaient assis devant elle, l’œil hagard, se demandant bien qu'est-ce qu'elle voulait leur annoncer de si important. Passant la main dans ses cheveux lissés, elle prit sa respiration, comme-ci c'était anodin, avant de s'exclamer. « J'ai décidé de partir rejoindre Clyde. » Un temps. « En Australie. » ajouta-elle. Son père fut éberlué face à cette annonce, tandis que sa mère demeurait soudainement triste. Aileen s'était douté que cela ne serait pas quelque chose de facile à annoncer, surtout qu'elle savait que le contact n'était pas prêt d'être rétabli entre Clyde et ses parents. Attendant leur réaction, la jeune fille posa son regard sur son père. S'il était déçu, cela pouvait se lire sur son visage. Comme la colère ; et la dispute qui allait suivre. Tandis que le paternel s'était levé de sa chaise pour faire les cents pas dans la pièce, la mère elle regardait toujours sa fille avec un regard étonné et triste. Ce qui n'était point étonnant. S'approchant de son père, Aileen essaya de faire un geste en sa direction, mais le regard noir que lui lança celui-ci, la ravisa. « Papa, je suis désolé … Mais, Clyde a besoin de moi. Je ne peux pas le laisser tout seul là-bas. » Son père tourna la tête vers elle. « Bien sûr que si tu peux ! » Étant quelqu'un de facilement susceptible, la jeune fille prit le mal la parole de son paternel. Elle s'attendait à un tel comportement, mais pensait qu'il comprendrait qu'elle ne pouvait laisser son frère détruire sa vie. « Tu n'as pas besoin de t'occuper d'un pédé ! » Tournant la tête vers sa mère, la jeune blonde s'attendait à une réaction de sa part, qui n'arriva pas. « Je te rappelle que tu parles de ton fils quand même ! Et qui est aussi mon frère ! » Puis, elle décida de tourner les talons, elle avait autre chose à faire. Sans attendre le florilèges d'autres paroles, elle prit son sac à main et sa veste, avant de sortir à l’extérieur de la maison.

Quelques minutes plus tard, Aileen se trouvait devant la porte de Finnick, en train de tambouriner contre la porte. Quand celle-ci s'ouvrit, la jeune fille ne perdit pas de temps pour déverser toute sa colère sur le jeune homme, et pour lui reprocher la fuite et la dépression de Clyde. Après s'être calmé, elle proposa au jeune homme de l'accompagner en Australie. Quoique cela était plus une obligation qu'une proposition. Ayant déjà acheté les billets, elle avait déjà prévu de lui demander et espérait qu'il allait être d'accord. Elle se disait que cela était mieux si Finnick venait lui aussi en Australie, afin que peut-être son frère sorte de cette spirale qui semblait l'emporter de plus en plus. Posant le billet d'avion sur une commode, elle repartit chez elle, après quelques paroles. En rentrant, la jeune blonde ne s'attendait pas à ce que le climat soit redevenu paisible, bien au contraire. Quand elle franchit le seuil de la porte, son père lui vociféra toutes sortes de paroles au visage. Face à cela, Aileen réagit avec l'agressivité dont elle savait si souvent faire preuve. Une énorme dispute éclata alors. Pouvant presque faire penser que la complicité qui liait ce père et sa fille d'antan, n'était aujourd’hui plus d'actualité. Ce fut avec rage et déception que cette dispute se termina. Pourtant, Aileen était toujours aussi décidé à rejoindre son frère en Australie ; même si elle savait qu'elle risquait de perdre son paternel.

Les jours suivants, le climat était toujours pesant. La jeune fille ne cessait de repenser aux paroles de son père et à sa réaction, et elle n'arrivait pas à les oublier. Toutefois, chaque jour, elle se rendit quand même chez Finnick pour lui demander s'il voulait l'accompagner. Elle ne baissait pas les bras, étant toujours aussi déterminé.

Le jour de l'embarquement arriva enfin. Valise en main, Aileen dit aurevoir à ses parents ; en essayant de faire un câlin à son père comme lorsqu'elle était plus jeune, pourtant cela était vain. Lui aussi semblait lui en vouloir encore. Le cœur serré, elle se rendit une nouvelle fois chez Finnick pour lui redemander encore et inlassablement la même chose. Fort heureusement, celui-ci accepta et ils partirent ensemble à l'aéroport. Pendant tout le voyage, Aileen se demandait si ce choix était judicieux, et surtout elle avait hâte de revoir son frère ; bien qu'elle avait peur de le voir encore plus dépressif qu'à son départ.

Quand l'avion s'arrêta sur le territoire Australien, Aileen sentit qu'elle allait se plaire dans ce pays. L'air chaud et le bruit de la mer suffisant à lui rendre son dynamisme.