• Avez-vous des rêves ou des espoirs pour le futur ? Des rêves ? Oui, mais j'essaye de ne pas y penser. Des espoirs ? Non. Disons que je me contente de ce que la vie a à m'offrir. Si je suis exigeante avec moi même ainsi qu'avec les autres, je ne le suis pas avec le destin, l'avenir. Je considère qu'il faut apprendre à vivre au jour le jour pour avancer dans la vie. Je pense que ma fierté fait que j'ai peur de me faire de faux espoirs, de croire en des choses qui n'arriveront très certainement jamais et donc de finir par être déçu.
• Dans la vie, on a des hauts et des bas. Si vous deviez nous racontez le souvenir le plus heureux de votre vie, lequel serait-il ? Le souvenir le plus heureux de ma vie ? Je n'en ai pas. Comme je viens de vous le dire, je suis le genre de nana qui vit sans se poser de questions. Je pars du principe où il me faut profiter de chaque instant pour ne pas avoir de regret par la suite, mais je crois dur comme fer que le meilleur est encore et toujours à venir. Je vis des choses extraordinaire depuis que je suis gamine, alors ne choisir qu'un moment de ma misérable vie serait stupide.
• Si vous aviez l'opportunité de remonter le temps, quel événement de votre vie changeriez vous ? Rien. Je ne changerais rien. Ce sont mes erreurs comme mes réussites qui me font avancer et qui font la personne que je suis aujourd'hui. Mon caractère, mon physique, mes choix, ma vie me contente aujourd'hui alors je ne vois pas pourquoi je changerais quelque chose. Pour devenir quelqu'un d'extraordinaire ? Mais je m'en balance de ça, je suis déjà une personne extraordinaire tsei.

• Vivant dans un petite ville côtière, aimez-vous vous allez nager ou profiter des plages de Cooktown ? Profiter des plages de Cooktown, c'est évident. Nager durant des heures, c'est bon pour les thons, pour les baleines. Contrairement à certaines personnes qui se trouvent dans cette ville, ressembler à une morue dès qu'une goutte d'eau tombe du ciel, très peu pour moi. Si j'aime passer du temps dans l'eau, c'est uniquement chez moi, dans ma piscine, dans mon bain, là où je ne risque pas de me transformer en cette sous espèce qui fait la fierté de quelques personnes.
• Avez-vous déjà assisté à un phénomène étrange ou surnaturel ? Malheureusement oui et je ne préfère pas en parler. Pourquoi ? Vous en saurez bien plus par la suite. Ou pas.

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Un.
« Putain t’as vu la nouvelle ? » Ah cette nouvelle. Je la connaissais très bien. C’était moi et apparemment je faisais du grabuge dans les petites têtes de mes camarades masculins, tout comme je rendais jalouse la plupart des nanas de ce lycée. « La petite blondinette ? Bien entendu que je l’ai vu. T’as cru que j’allais rater l’occasion de me rincer l’œil ou quoi ? » Toutes leurs remarques arrivaient à me décrocher un sourire fier, confiant. Dans la salle de classe, les bavardages allaient bon train. Je faisais mine de ne pas les entendre, me contentant de notre les dires du professeur sur la feuille de papier qui se trouvait devant moi, sur la table. « J’ai entendu dire qu’elle avait sauté deux classes. Une au primaire et une seconde au collège. » Le rire d’un abruti, qui se trouvait juste derrière moi, s’élevait dans la pièce. « Une surdouée ? Viens, je lui demande de m’aider à réviser la biologie et plus particulièrement les chapitres sur l’anatomie et la sexualité. » Le rire de l’abruti était de retour. Finalement, le niveau n’était pas bien haut ici. Je n’aurais pas de mal à me jouer de leur intelligence. Je n’aurais pas de mal à les manipuler tous, les uns après les autres. Cette pensée faisait naître sur mes lèvres un sourire des plus narquois, des plus railleurs, alors que mon crayon continuait de noircir la page devant moi. « N’empêche que je n’aurais rien contre l’idée de glisser mes doigts dans sa chatte humide. Je suis certain que sous ses airs de sainte nitouche, c’est une putain de salope. » Il ne m’en fallait pas plus pour réagir. Leur coller une baffe ? Non, ce n’était pas digne de la fille d’un diplomate réputé. Mes doigts venaient taper dans les quelques stylos qui se trouvaient là pour que ces derniers s’écrasent sur le sol, non loin du bureau des deux bavards. Sans rien ne demander à personne, je me levais tout en poussant un soupir d’agacement. Faisant le tour du mon pupitre, je prenais soin d’effectuer des mouvements rapides pour que la jupe que je portais vienne à se soulever très légèrement, les laissant rêver encore un petit plus. Bizarre. Il n’y avait plus un seul bruit dans la pièce et je sentais bien que tous les regards étaient braqués sur ma petite personne. Bingo. Avec délicatesse, je venais récupérer mes biens avant de reprendre ma place. « Excuser moi monsieur. » Innocente. Naïve. J’adressais un sourire au professeur qui me le rendait presque aussitôt. Les conversations reprenaient. « Hé les mecs. Arrêtez de baver. C’est la nana de Loxias et s’il apprend ce que vous avez dit sur sa meuf, il va vous couper les couilles avec un couteau mal aiguisé. » Le plus intéressant était à venir. « Loxias ? Loxias Gregor ? Le rebelle en carton là ? » Pardon. Je pivotais légèrement sur ma chaise, croisant mes jambes l’une par-dessus l’autre, adressant un sourire hypocrite à la dernière personne qui venait de parler. « Je serais capable de coucher avec toi uniquement pour que Loxias te refasse le portrait. » Le pire, c’est que c’était la stricte vérité.

Deux.
Je ne savais pas quoi dire, quoi faire. J’accusais le coup comme je le pouvais. Si je m’attendais à tout avec lui, je n’aurais jamais pensé qu’il puisse me quitter après quatre ans de relation pour vivre une folle histoire d’amour avec une morue. Ce n’était pas comme si personne n’avait eu la gentillesse de me prévenir, de me dire de me méfier de lui, que ce n’était pas un mec des plus cleans, qu’il n’allait pas hésiter à me tromper pour faire parler de lui. Il était prêt à tout pour toucher la popularité, la célébrité du bout de doigts. Même à épouser l’une de ses créatures marines sur un coup de tête. C’était d’ailleurs ce qu’il venait de m’annoncer. « Je ne pouvais pas continuer à te mentir plus longtemps Cassiopée, mais je ne voulais pas te faire souffrir. Je pensais que la distance que j’avais mise entre nous t’avais fait comprendre que, nous deux, c’était la fin. » Pardon ? Il était sérieux là ? Un rire railleur s’échapper d’entre mes lèvres alors qu’une larme venait dévaler l’une de mes joues. « Tu me prends vraiment pour une conne Loxias ? Tu as mis une distance entre nous uniquement pour t’envoyer en l’air avec des baleines échouées sur la plage et tout ça pour que l’on parle de toi encore et toujours. Tu as peur de tomber dans la routine. Il faut que tu sois, tout le temps, en train d’attiser la jalousie, les critiques. Tu veux qu’on parle de toi, c’est tout et ça quitte à foutre en l’air tes amitiés ou tes histoires d’amour. » Je commençais à devenir mauvaise. Si j’avais pu, je lui aurais bien crevé les deux yeux à coup de talons aiguilles à ce pauvre con. Il me dégoutait. Et dire que j’avais passé une bonne partie de ma vie dans ses bras, à croire que j’allais finir par couler des jours heureux avec lui jusqu’à ce que la mort vienne nous séparer. Il se levait, déposait un dernier baiser sur l’une de mes joues. « Je suis désolé Cassy. » Il n’en disait pas plus, se contentant de prendre la porte. Dès que cette dernière venait claquer, dès que je me retrouvais seule, des torrents de perles salées venaient envahir ma petite bouille angélique en même temps que je me laissais tomber sur le lit, tentant d’étouffer mes pleurs avec le premier coussin que j’avais sous la main. Il n’allait pas s’en tirer comme ça. Lui. Sa salope. Tous les thons se trouvant dans cette ville. J’allais les faire souffrir un à un. J’allais devenir encore plus mauvaise que ce que je l’étais déjà. Ils étaient tous en admiration depuis qu’ils avaient vu la petite sirène en dessin animé alors qu’en réalité ces créatures empestaient la ville avec leur odeur de pourriture. Oh non, je n’allais pas en rester là.