POUVOIR : peut faire chauffer l'eau jusqu'à ce qu'elle s'évapore.
JUKEBOX : mika - dr. john.
Sujet: giuline ▽ ça rime avec insuline. Ven 6 Juil - 18:31
i don't try to deny
I'm losing my balance on the tight rope
PSEUDOS DES PARTICIPANTS : Giulia Leoni-Barckley et Sixtine Billie-J. O'Brien. SUJET OUVERT PAR : Sixtine Billie-J. O'Brien. DATE ET HEURE : début juillet, en fin de matinée. LIEU : le seul hôpital de la ville : jenovah witness kingdom hall. météo : clémente. CONTEXTE DE LA RENCONTRE : Giulia comme Sixtine ont leur rendez-vous de contrôle concernant leur diabète. Et si beaucoup les sépare, beaucoup les rapproche. DE L'EAU AUX ALENTOURS ? dans quelques verres, pochettes de perfusion. On ne sait jamais, un accident est si vite arrivé.
POUVOIR : peut faire chauffer l'eau jusqu'à ce qu'elle s'évapore.
JUKEBOX : mika - dr. john.
Sujet: Re: giuline ▽ ça rime avec insuline. Dim 8 Juil - 18:36
your head will collapse
but there’s nothing in it, and you’ll ask yourself : where is my mind ?
Elle se tordait les doigts, d’une nervosité qui ne lui était pas coutumière. Elle n’aimait pas ces murs blancs. Elle ne les avait jamais aimés. Ils avaient des reflets verdâtres, donnaient la nausée, paraissaient bien trop propres. Tout sentait le désinfectant, le plastique neuf – bleu ou vert pâle. La maladie. Il semblait suffire de marcher dans ces dédales de couloirs pour attraper les miasmes qui évoluaient ici. Tout était en général silencieux, ce qu’elle ne supportait pas, ou vide. Les hôpitaux étaient à ses yeux les derniers lieux où venaient mourir les moribonds, les malades incurables. Et chacune de ses visites régulières renforçait son impression de vivre là ses dernières heures, d’être une malade, différente du reste de la société. Les regards condescendants des infirmières contribuaient toujours à cette impression floue et aseptisée. Ce lieu était son enfer personnel, la mettant invariablement mal à l’aise. Vingt-deux ans de visites mensuelles au St-Andrews Community Hospital n’avaient réussi à la débarrasser de ce sentiment de dégoût profond pour la mise à l’écart évidente des malades, et elle craignait ce nouvel établissement. Elle allait devoir continuer les contrôles réguliers dans cet hôpital inconnu, chez un médecin inconnu, dans des salles inconnues. Elle allait devoir reprendre à zéro ses efforts contre l’angoisse qui la prenait toujours, pour se composer un visage apaisé et usé à ces tests. Mais non, malgré tout ce temps, jamais elle n’accepterait devoir dépendre d’un tel endroit.
« Excusez-moi. » Elle arrêta une infirmière qui passait dans le couloir. Ses pas résonnaient en un bruit sourd, étouffé et désagréable. Elle semblait être la seule disponible dans le service, les allées étaient désertes. Désespérément blanches, grises, bleues. Sinistres et macabres. « J’ai rendez-vous avec le Docteur Walker, et… Je suis un peu perdue. » Machinalement, elle porta ses doigts à ses lèvres et commença à ronger ses cuticules. L’infirmière lui indiqua froidement – ce qui étonna Sixtine, habituée à des accueils trop chaleureux qui donnaient l’impression de vivre sa dernière heure et d’avoir droit à monts et merveilles – la voie à suivre jusqu’au bureau. Elle avait hâte d’en finir et de quitter cet endroit. Dehors, il faisait beau. Cooktown, encore neuve à ses yeux, lui lançait des œillades auxquelles elle ne pouvait répondre, tenue ici par des examens de routine. On ne ferait que lui dire la même chose : que son diabète n’évoluait pas, que l’ont pouvait toutefois tenter l’implantation d’îlots de Langerhans, la greffe de pancréas. Mais elle ne le souhaitait pas, alors on l’intimait sur une poignée de main de bien veiller à son alimentation et de ne jamais oublier ses piqûres plusieurs fois par jour. Vingt-deux ans que l’on lui disait la même chose. Si elle n’était pas tenue de surveiller l’évolution de son diabète, elle ne poserait jamais le pied dans un hôpital, une clinique ou quelque autre lieu morbide.
Elle remercia l’infirmière, qui courrait déjà silencieusement vers d’autres cas plus urgents, et continua dans la direction indiquée, s’efforçant de ne pas s’attarder sur le soleil brillant qui éclatait à travers les persiennes. Les couloirs se ressemblaient tous. Elle aurait aimé avoir à se rendre vers les maternités, là où les chambres étaient plus ou moins décorées, et quitter ces murs de plâtre immaculé. Elle se promit qu’en rentrant chez Owen, elle ferait en sorte d’agrémenter chaque coin nu de drapeaux écossais si elle arrivait à sortir d’ici avec au moins cinq ongles intacts. Elle en avait déjà rongé deux.
Elle arriva devant une petite salle d’attente, occupée uniquement par une jeune femme blonde. « Bonjour. » Elle la salua d’un signe de tête et s’assit non loin, jetant un regard suspicieux aux magazines. Des mensuels australiens sur les enfants, la tenue d’une maison ou les derniers corsages à la mode. Passionnant. Sixtine reporta son attention sur la blonde plantureuse avec qui elle partageait la salle d’attente. Elle devait avoir son âge, à quelques années près. Elle était véritablement magnifique, elle devait le reconnaître. À tel point que la regarder un peu trop longuement faisait complexer une Sixtine pourtant à l’aise et trop libertine. Elle détourna à nouveau le regard pour le fixer sur la porte menant à l’officine du médecin qui devait s’occuper de son cas. Elle ne l’avait pas choisi : elle avait expliqué ce dont elle avait besoin et on le lui avait assigné Walker d’office. Dans une ville comme celle-ci, il ne devait pas y avoir tant de médicaux gérant les diabétiques. Elle n’osait imaginer ce qui se passerait si elle ne le supportait pas. Mieux valait ne pas y penser pour l’instant. Quatre ongles.
Elle fixa à nouveau sa désespérément belle voisine. « Dîtes… » dit-elle en lâchant à regret son cinquième ongle. « Vous le connaissez ce Walker ? »