Il avait tout pour lui : la beauté, l'intelligence et la tendresse. Il était riche, drôle, et comme moi ; ils leur pissait tous dessus. Zéca était celui qui avait fait chavirer mon coeur. Le premier a avoir su faire renaître la notion d'amour, ou même d'aimer, à la pauvre gamine froide que j'étais. Que je suis. Nous étions assis sur son lit, et il tenait entre ses mains les miennes, et nous étions bien, et nous nous aimions. Il me parlait, je le dévorais des yeux. Jamais je ne me lassais de détailler les courbes de son visages, de son corps, que j'avais si couvent caressées et que je connaissais par coeur. On va essayer quelque chose. Hochement de tête approbateur. On va voir à quel point tu es forte, d'accord ? Puis il me fit ce sourire qui lui était si particulier et qui illuminait son visage. Jamais je n'aurais pu lui refuser quoi que ce soit, lorsqu'il me souriait ainsi. D'accord. Il me serra plus fort les mains. J'ai rempli des bouteilles vides d'eau, et toi tu vas tenter de modifier leur pH d'accord ? Je lui souris. Il étudie la physique, et c'est peut-être cette ouverture d'esprit qui a fait que plutôt que de me craindre, il est tombé amoureux, fasciné par ma nouvelle nature. Sirène. Je suis une sirène. La première fois qu'il m'a vue, la première fois qu'il l'a vu elle, cette queue immonde et blanchâtre, il n'a rien dit. Il n'a pas fuis, pas hurlé. Il a juste dis que j'étais magnifique. La plus belle chose qu'il lui avait été doné de voir. Il a su m'apprendre à m'aimer. A aimer la sirène que j'étais devenue. Le jour où il a su, il s'est approché et de ses longs doigts à caressé les longues cicatrices. Il m'a demandé qui m'avait fait ça. Et je lui ai dis que c'était moi, moi qui avec un morceau de verre, avait tenter d'arracher cette chair couverte d'écailles qui avait englouti mes jambes. Il n'a rien dis. Chaque fois que par la suite je devenais le monstre que je suis devant lui, il s'attardait longtemps sur les striures grises parsemant ma queue. Zéca était si bon. Je le monte ? Il m'a souri de nouveau. Autant que tu peux. Après tu le baisseras. Je lui souriais en retour. Zéca disait toujours que j'avais un sourire magnifique. Il tenait toujours mes doigts serré contre ses paumes et me fixait d'un air doux. Je détaillais les lignes de son visage en silence, concentrée. Puis je relâchais l'effort. Ma capacité à modifier l'acidité de l'eau le fascinait. Il trouvait ça merveilleux. Pas dangereux, juste merveilleux. Voilà. Avec un sourire il lâcha mes mains et saisis l'une des bouteilles. Je sentais mon sang battre contre mes tempes. L'effort était dur mais pour lui, j'étais prête à aller encore plus loin. Il recracha la gorgée avalée en grimaçant. Putain c'est dégueulasse ! Jamais rien bu d'aussi acide. Je laissais échapper un rire léger. Quand j'étais avec lui je me sentais légère. Mes chaînes me semblaient moins lourdes. Rebouche, je vais le baisser. Il referma la bouteille et la fit rouler entre ses mains tandis que je me concentrais. Mes efforts psychiques durèrent tout l'après midi. Je lui avais expliqué que les pouvoirs, c'état comme les compétences sportives, ça s'améliorait avec la pratique. J'avais eu tout le loisir de m'entraîner depuis presque deux ans. Quand il reboucha la bouteille une dernière fois, puis déposa un baiser sur mes lèvres, je constatais une fois de plus ce que c'était qu'aimer. Quand éreintée je me suis endormie dans ses bras, au milieu de toutes ces bouteilles, j'étais heureuse. C'est sa respiration haletante qui pourtant au milieu de la nuit me réveilla. Il était assis, il ne bougeait plus. Un spasme le parcourut. Son t-shirt collait à son torse trempée de sueur. Il fixait en silence le mur de la chambre, respirant par saccades. Je le secouais en murmurant son nom. Je le secouais plus fort, l'appelais plus fort. Mon hurlement d'effrois déchira la nuit. Des pas, partout, résonnèrent, ses parents pénétrèrent dans la chambre de leur fils agonisant, me trouvant sur le sol, collée contre le mur, et ma main plaquée sur ma bouche tandis que j'enfonçais les dents dans ma paume pour ne pas hurler de nouveau. Zéca était en train de mourir, Zéca était en train de mourir. On l'emmena à l'hôpital. Le diagnostic tomba. On y avait pas pensé. On avait pas pensé que le corps humain était composé à soixante-dix pour cent d'eau. Et que mon pouvoir touchait à tout ce qui contenait de l'eau. Et que le corps humain pour tourner normalement à besoin de ses 7,4 de pH. Pas un instant nous n'avions pensé que je déréglerais son système immunitaire, son système vital. On avait pas pensé que je le déréglerais lui. Trop d'acide ronge les tissus et fait coaguler le sang. Un, le caillot de sang se coince, deux, avc, trois, il est mort. Zéca mort, je ne vivais plus. Alors je suis partie. Je n'ai rien dis à personne. J'ai tué mon amour. Mon amour.