Toute histoire à un début, et la mienne a commencé à l’aube du 3 mars 1988, à 3h25 du matin pour être exacte, l’heure à laquelle j’ai poussé mes premiers cris. Je venais donc de faire mon entrée dans le monde et une enfance assez particulière m’attendait. Pourquoi particulière ? Parce que je ne peux ne pas dire que j’ai grandit dans une famille comme les autres. Mais pour vous aider à comprendre, commençons par le début, c’est à dire mes parents.

Mon père est d’origine Américaine, issu d’une grande famille connue dans le monde de la politique, il est partit faire ses études en France, lieu ou il a rencontré ma mère. Elle aussi issue d’un milieu privilégié, ils firent connaissance durant leurs études et se marièrent une fois leurs diplômes en poche. Pendant plusieurs années ils vécurent à Paris, ville de l’amour, et c’est là-bas que je vis le jour. Malheureusement, les choses devinrent rapidement compliquées et les infidélités de mon père ne restèrent pas longtemps secrètes. A peine 3 ans après ma naissance, mes parents se séparèrent et mon père quitta la France pour retourner vivre aux Etats-Unis et plus particulièrement à New York. De ce fait, depuis l’âge de 3 ans, je suis habituée à sans cesse être partagée entre mes deux parents, vivant tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. Je sais que des tas d’enfants ont l’habitude d’être partagés entre leurs deux parents, mais généralement ils habitent dans la même ville, et surtout dans le même pays, ce qui n’était pas mon cas. Vous devez deviner que le fait de voyager depuis l’âge de 3 ans, force à acquérir une certaine autonomie et j’ai dû rapidement apprendre à me gérer toute seule.

Désormais vous avez une vague idée de ce qu’a pu être mon enfance. Des allés retours incessant entre Paris et New York. Avoir des parents séparés et vivant aussi loin à ses bons côtés, mais ce n’est pas toujours évident. Au fil des années j’ai appris à me servir de cette distance à mon avantage, et je m’y suis brûlée les ailes… Imaginez ce que cela peut signifier être une enfant unique devant faire face à un divorce compliqué… Des parents assouvissant le moindre de mes caprices et ne me refusant jamais rien. Leur absence commune était comblée par des cadeaux hors de prix, je pouvais avoir tous ce que je désirais. J’ai grandit sans connaître la signification du mot « limite ». Mon enfance est synonyme d’excès.

Jusqu’à mes 16 ans, je peux dire que j’ai reçu une éducation exemplaire, j’ai fréquenté les meilleures écoles de Paris tout en allant régulièrement aux Etats-Unis voir mon père. Petite fille modèle, toujours première de la classe et adorée des professeurs qui voyaient en moi une petite à l’éducation parfaite. Malheureusement, le lycée a marqué une nouvelle étape dans ma vie, et mes fréquentations m’ont fait connaître l’enfer.

Quand on a 16 ans on est facilement influençable et on suit les autres sans rien dire. Au lycée j’ai fait la connaissance d’un groupe d’amis tous issu du même milieu que moi. Leur devise « Faire comme si cette soirée était la dernière » et j’ai fini par l’adopter à mon tour. A partir de ce moment là, ma vie a complètement changée. Au départ c’était génial, je m’éclatais, je vivais les choses à fond et je ne manquais jamais une fête le week end. Sage au début, je ne buvais pas d’alcool et me contentais de sortir les week end. Seulement les choses ont vite changées et je me suis mise à boire durant ces fêtes interminables qui ont finis par déborder sur la semaine.

Bien entendu, ma mère n’était pas d’accord pour que je sorte autant, et j’ai rapidement appris à faire le mur pour rejoindre mes amis en pleins milieu de la nuit. Le matin, nous arrivions en cours encore sous les effets de l’alcool et ils nous arrivaient de sécher histoire d’aller nous reposer dans un parc. Face à cette situation, ma mère ne savait plus quoi faire, et j’abusais de son impuissance pour encore plus faire la fête. Je me fichais de tout et la seule chose qui comptait pour moi était d’être certaine qu’une nouvelle nuit de folie m’attendais. Je ne vous cacherais pas que sous les effets de l’alcool, j’ai fait beaucoup de bêtises que je regrette encore aujourd’hui, mais je ne peux revenir en arrière et je suis forcée de vivre avec. La petite fille modèle que j’étais avait mis les voiles pour laisser sa place à une véritable peste refusant toute forme d’autorité. Malheureusement il était trop tard pour mes parents qui ne m’avaient jamais inculqué la moindre limite. Mon enfance avait été synonyme d’excès, mon adolescence prenait le même chemin.

Quoi qu’il en soit, arrivé la fin de l’année, mes parents ont décidés d’agir face à ma situation, et contre ma volonté, ils m’ont fait quitté mon lycée, mes amis ma ville, mon pays, pour aller vivre avec mon père à New York. Je ne vous cacherez pas qu’au début j’étais dans une colère noire, surtout quand j’ai été contrainte d’aller dans un nouveau lycée. Les premières semaines ont été horribles. Mon père m’a lancé un ultimatum. Soit je faisais des efforts pour ne pas repartir sur la même voie qu’en France, soit je recommençais et il m’offrait un aller sans retour dans une pension ou un autre endroit isolé à l’autre bout du monde. Ce choix fut un tournant majeur dans ma vie. Je ne sais pas pourquoi, mais pour la première fois en 16 ans, je prenais enfin conscience de ce qu’était les limites à ne pas dépasser. J’ai vite réalisé que pour moi c’était peut être une nouvelle chance, un nouveau départ. A partir de ce moment là j’ai fait mon choix, la petite fille modèle et bucheuse était finalement de retour et je laissais derrière moi des souvenirs dont je n’étais pas vraiment fière.

Une fois mon diplôme en poche et mon problème de rébellion loin derrière moi, j’ai pris la décision de me lancer dans des études de journalisme. J’ai quitté la maison familiale dans laquelle mon père vivait désormais avec sa nouvelle femme, pour un joli petit appartement en plein cœur de Manhattan, nouveau cadeau de mon très cher père. Même si je dépendais encore de ma famille, j’avais un avant gout de ce qu’était l’indépendance totale, bien que je le sois plus ou moins depuis ma plus tendre enfance.

A partir de là, j’enchainais les heures de cours et les heures de stage sans relâche. Quand je n’étudiais pas, je travailler sur des petits articles que l’on me confiait dans quelques journaux. Ce n’était pas grand-chose, mais de quoi me faire ma propre expérience. Pour la première fois de ma vie, je ne pouvais compter que sur moi-même pour réussir. Adieu les connaissances de papa pour rapidement me faire monter dans le monde du journalisme. Ma place je voulais la gagner moi-même et au fils des années, mon rêve d’entrer dans un journal à la renommé international, se rapprochait… Finalement, juste après avoir obtenu mon diplôme, le New York Times décida de m’embaucher. Rien de bien folichons, mais assez honorable pour que j’accepte sans la moindre hésitation. Avec de simples recherches comme travail à mon arrivée, mes tâches finirent par s’élargirent jusqu’à ce qu’on me propose d’écrire un article, un vrai de vrai article ! Heureuse de saisir ma chance, il me fallut une semaine pour écrire quelque chose dont j’étais fière. Je travaillais sans relâche, revoyais mes sources, vérifiais l’exactitude de mes dires, et le résultat fut 3 minuscules lignes dans un numéro du New York Times… Au moins cet article permit à mon rédacteur en chef de me remarquer et de voir que je possédais du potentiel… Quoi qu’avec le temps je me demande si le seul potentiel qu’il a vu en moi n’était pas finalement un physique qui ne le laissait pas indifférent… Passons ! Grâce à cet article qui passa inaperçu, mon rédacteur décida de miser sur moi en me confiant de plus en plus de responsabilité. Contente de pouvoir faire mes preuves, je passais mes nuits au travail à revoir encore et encore ce que je devais rendre au final. Mon travail finit par payer ! Après quelques mois au New York Times, j’obtenais un poste de reporter !

Mon nouveau poste de Reporter marqua un nouveau tournant dans ma vie. A présent j’étais réellement et totalement indépendante ! Je m’assumais seule et j’étais fière de mon statut de « working girl ». J’avais mon rituel quotidien. Le matin je me levais, enfilais un jogging pour finalement allait courir au parc. Je rentrais, prenais une douche, mettais un tailleur avant de filer. En chemin, je m’arrêtais acheter un café que je dégustais sur le trajet me menant au travail. Après une dure journée de boulot, avec éventuel un déjeuner professionnel, je filais chez moi, me changeais et repartais retrouver des amis dans un bar dans lequel nous avions l’habitude de nous retrouver. De temps en temps, il m’arrivait de ne pas rentrer seule chez moi, mais je n’accordais pas une réelle importance aux plaisirs d’une nuit. J’aimais ma vie et rien ne m’en aurait fait changer !

Bien entendu, il se passe toujours quelque chose qui vient tout chambouler, et pour ma part ce fut le jour ou mon tyran de rédacteur en chef m’invita à diner. 35 ans, extrêmement séduisant, charismatique et… marié. Même pas peur ! Je me retrouvais embarquée dans une relation compliquée avec un homme trop peu disponible et devant jongler entre sa femme, son boulot et sa maîtresse. La belle erreur… Mélanger vie privée et vie professionnelle fut ma plus grosse erreur ! Suite à une situation ambigüe, mon rédacteur en chef décida donc de m’envoyer en Australie pour, soit disant, écrire un article sur d’étranges phénomènes. Je pense que ce ne sont pas les vrais raisons de ce voyage, mais je vois là l’occasion de faire le point, même si j’ai hâte de retourner à New York… Plus vite l’article sera bouclé, plus vite je repartirait !