• Avez-vous des rêves ou des espoirs pour le futur ? J'aurais aimé devenir un grand avocat. Avec ma grande gueule, j'pense que j'aurais réussi. Mais je n'aspire plus à rien, les espoirs et les rêves ne m'intéressent plus. Je prends la vie comme elle vient. Un simple petit garagiste ne peut pas rêver de devenir quelqu'un, du jour au lendemain. Selon moi, les espoirs ne servent qu'à porter un jugement minable sur sa vie. Mais ma vie, dans un certain sens, je l'aime. Je vis au jour le jour.
• Dans la vie, on a des hauts et des bas. Si vous deviez nous raconter le souvenir le plus heureux de votre vie, lequel serait-il ? Je vais vous paraître complètement abrutit (pour changer). Mais mon plus beau souvenir a été et restera, quand mon père est mort. Enfin, avant qu'il ne meurt. Les hommes n'aiment pas se dire qu'ils s'aiment entre eux. Surtout entre un père et son fils. Mais lorsque vous êtes sur le point de perdre la dite personne, vous abandonnez toute fierté. Et c'est ce que nous avons faitl. J'ai pris sa main, nous nous sommes souris, et je lui ai dit que je l'aimais, avant qu'il ne ferme à tout jamais ses yeux. Le meilleur et le pire moment de ma vie.
• Si vous aviez l'opportunité de remonter le temps, quel événement de votre vie changeriez vous ? Rien. Je ne peux pas dire que je ne regrette rien de ma vie. Au fond de moi, je sais que j'aurais pu valoir plus que ce que je suis devenu. Mais cette question, à quoi sert-elle? Je ne préfère pas y répondre. Les dés sont jetés, il est impossible de revenir en arrière, il faut s'y faire. Ma vie me convient parfaitement comme elle est. Et je me fous du passé.

• Une seule goutte d'eau, et le compte à rebours est entamé : comment faites-vous pour dissimuler votre nature de sirène/triton à vos proches ? Je préfère oublier cette partie de moi. Je veux vivre une vie humaine, complètement humaine, dans la banalité. L'eau est mon ennemie. Je ne l'approche pas et prétexte toutes les conneries possibles pour ne pas sortir les soirs de pleine lune. J'ai bien tout analysé et compris, je sais ce que je ne dois pas faire. Cette deuxième partie de moi me répugne. Je ne peux même pas me faire à l'idée que je ne suis plus un humain comme les autres. Et pour tout vous dire, c'est assez flippant.
• Sentir les écailles remplacer votre épiderme, les nageoires se fondre sur vos pieds, l'eau vous caresser doucement... Quel est pour vous la plus belle chose dans le fait d'être une sirène/un triton ? Je ne me suis pas souvent transformé au cours des dernières années, évitant ce phénomène par tous les moyens. Et je n'ai pas non plus profité des brèves transformations que j'ai pu avoir. Alors je ne peux répondre à cette question.
• Calepins en main, appareils de mesure complexes... Que pensez-vous de la horde de scientifiques qui se penchent un peu plus sur les phénomènes étranges se passant à Cooktown et entourant votre existence de sirène/triton ? Ils me font peur. Mais j'essaye de les côtoyer, néanmoins, pour qu'ils ne se doutent de rien à mon sujet. En aucun cas, je ne veux finir comme un rat de laboratoire. Mais je dois dire, que je les comprends. Je serai encore humain (mon dieu que j'aimerais bien), je ferais peut-être parti de cette " horde de scientifiques ". La découverte de l'inconnu est très excitante. Certains sont même attirés par l'inconnu.

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« Il a été décidé qu’on reparlerait, dès les petites classes, d’éducation civique, d’honnêteté, de courage, de refus du racisme et d’amour de la République. Il est dommage que l’école ne soit fréquentée que par les enfants. »


« Sei un idiota! » « Papa, j'ai peut-être pas suivi les cours d'italien, mais il y certains mots évidents que je comprends... » « Malgré ta bêtise! C'est surprenant! » « J'tiens de qui, à ton avis? » « Regarde-moi ça ! Un bulletin digne d'un élève de... Non, ce n'est même pas digne d'un élève! Tu me fais honte mon fils! Il faut que tu comprenne que la vie ne va pas toujours te tomber à point dans l'bec. Bouge-toi merde! Rends-moi fière, pour une fois. » « Alors c'est ça qu'il te faut pour que tu t'occupes de moi? Que je te rende fière? C'est ça qu'il te faut pour que tu me portes un peu d'attention ?! Mis à part m'engueuler quand tu reçois mes bulletins, qu'est-ce que tu fais dans ma vie ? Hein ? Tu ne fais rien... Pourquoi je devrais faire quelque chose, alors ? »
C'est chaud, chaud, chaud chez les Velinci, n'est-ce pas? C'était, du moins. Les jours où on ne s'ignorait pas, s'était seulement pour s'en foutre plein la gueule. Lorsque je rentrais, je ne prenais même pas la peine de le saluer et je montais directement à l'étage, dans ma chambre. Mais c'est seulement aujourd'hui que je me rends compte que cette mauvaise ambiance était peut-être crée par moi. Par mon caractère, par la déception que je lui donnais. A entendre ses paroles, je n'ai jamais été rien d'autre qu'une déception. Mais après tout, ces dures vérités étaient peut-être l'unique preuve de l'amour qu'il avait envers moi? Vouloir que je réussisse dans la vie était son unique but. Vouloir que ma vie soit meilleure que la sienne. Il se voyait lui-même comme une déception. C'était ça, son problème, et ce qui le rongeait petit à petit.

« Papa? Pourquoi les autres ils ont une maman et moi j'en ai pas? » « Parce que tu l'as tué, mon fils. »
Cette phrase résonne encore dans le fond de mon crâne, quand j'y repense, tard le soir. Je n'avais que 8 ans et je n'étais pas en âge de comprendre de tels mots, surtout alors je n'en connaissais pas l'histoire. Ma mère était une femme magnifique. Je l'ai vu en photo. Souriante, élégante et charmante. Tout pour attirer le plus rustre et macho des hommes. Mais elle était particulièrement frêle et fragile. Mon arrivée au monde aurait dû être un évènement familial heureux, qui aurait surement engendré une grande fête. Mais rien ne s'est déroulé comme prévu. Ma mère n'a pas supporté l'accouchement. C'est tout ce que l'on m'a dit, je n'en sais pas plus. J'étais peut-être trop gros, vu tout ce que je bouffe au jour d'aujourd'hui, ça ne m'étonnerait pas. Mais elle est morte, sans même avoir eu le temps de me voir ou de me toucher. Je ne l'ai jamais vu, je n'ai jamais senti son parfum, ni entendu sa voix. Alors non, elle ne manque pas. Mais elle a beaucoup manquée à mon père. Et s'il n'arrivait pas à me donner l'amour et l'attention dont j'avais besoin, s'était peut-être car il me tenait coupable de la mort de sa femme. Mais je ne suis pas un criminel, je n'ai rien voulu.

Ce jour-là, j'avais 20 ans. Et mon père estimait qu'il était temps que je quitte sa main, que je me construise ma propre vie. Et je savais très bien qu'il avait raison. Mais je lui tenais tête, malgré tout. Il m'engueulait comme presque tous les jours de toutes les années passées ensemble. Mais je me souviens encore. Il ne portait pas ses lunettes, à ce moment-là, il ne voyait que peu. Et il rata la première marche des escaliers. Le grand et dernier saut. Je me souviens de sa tête heurtant une première marche, violemment, et heurtant finalement le sol. Je me souviens de ses appels au secours et de son unique cri de douleur. Pendant un court instant, je suis resté stoïque. Des images défilaient à toute allure devant mes yeux. La vie que l'on avait menée ensemble. N'est-ce pas avant de mourir que l'on voit ce genre de choses? Je me demande s'il a vu les mêmes choses que moi... Après quelques secondes, je me décida enfin à appeler des pompiers, même si la marre de sang se formant en dessous de son crâne me disait que ça ne servait plus rien. Je m'approche alors lentement de son corps presque inerte et prend sa main. Je la serre très fort, une dernière fois. « Je t'aime, pardonne-moi... » Je n'eus même pas terminé de prononcer ces mots, que ses yeux étaient déjà fermés. Aujourd'hui, j'espère encore qu'il a eu le temps de les entendre. Je ne vais pas vous le cacher, mon père me manque. J'ai oublié son odeur, le son de sa voix, mais jamais je n'oublierai son visage animé par les traits de la fatigue et la lueur d'espoir dans ses yeux qui n'a disparue qu'au moment où il les a fermés. Padre.

viaggiare.

« Tu t'rends compte de c'qu'on fait? » « Non, qu'est-ce qu'on fait? » « On a 21 ans et la seule chose que l'on trouve à faire c'est d'aller sur une île où y'a des trucs chelous et s'y bourrer la gueule. » « Et alors? C'est bien non. L'inconnu. Il paraît que ce bassin est cool à voir. Tu feras gaffe de pas tomber dans l'eau quand tu tituberas, hein? »
C'est sur ces mots que nous partions vers... la Grêce. C'est vrai, y'a une flopée de pays magnifiques à voir. Mais j'avais entendu parler d'un bassin, un espèce de lac, là-bas. Et ma curiosité d'il y a plusieurs années m'a poussé à m'y rendre. Moi et mon pote, on s'amusait à se bourrer la gueule dans des endroits pas ordinaires.
Le trajet avait été long. Habitant depuis mes 1 ans la Californie, il fallu prendre l'avion, pour arriver en Grèce. Et encore plus de temps pour trouver ce foutu bassin. Nous y sommes allés à la tombée de la nuit. « T'as entendu ça?! » « Ta gueule... » « Eh ! Mon gars, c'est pas de l'eau là-bas? » Et si, le bassin se trouvait juste en face de nous, entourant un volcan. La lune se reflétait, lui donnant un air magique. « Tu sors les bouteilles ? » Quatre bouteilles pour deux personnes. Je ne sais même plus ce que c'était. Mais je me souviens que nous nous sommes assis au bord de l'eau. Que nous avons bu... Puis le trou noir.
"Après avoir bu comme deux ivrognes, les deux amis se chamaillaient au bord de l'eau. Ils se poussaient et riaient comme deux abrutis. Mais le bassin s'était soudainement mis à s'agiter, à émettre des étincelles. Le silence s'installa entre les deux hommes. « Même pas cap tu saute dedans? » « Quoi? Arrête, t'es dingue, j'suis bourré mais pas suicidaire. » Et tout en rigolant, son ami jeta Marko dans le bassin. Lorsque ce dernier se mit à s'agiter un peu plus et qu'il voyait que Adhès ne remontait pas immédiatement, il s'enfuit."