real time. « Bouge tes fesses de là gros babouin tu m’écrases ! » La voix d’Isis perça le silence de la nuit alors que je lui sautais dessus comme un hystérique. J’adorais la martyriser, mais en général, ma domination ne durait pas longtemps, parce qu’elle avait beau être une fille, elle me métrisait souvent. Je l’avais prise de court cette fois ; elle était bloqué sous mes jambes, mais pourtant, elle griffa dessus avec ses ongles écaillés sans penser une seule seconde qu’elle pouvait me faire mal en m’arrachant la peau. J’étouffai un hurlement pas très viril en lâchant soudainement prise. « Aie ! Putain Jet, ma peau ! » Je peux vous dire que son rire était tout sauf banal. Elle avait un rire strident, trop marrant, à mi-chemin entre le gloussement de dinde et le mouahaha machiavélique de sorcière. L’entendre ainsi rigoler m’arracha un autre sourire, et j’oubliai rapidement que j’avais mal à l’endroit où elle m’avait frappé.

Jet était ma meilleure amie. Depuis toujours, et à jamais. Pourtant… Il y avait bien ce secret. Ce secret dérangeant qui nous séparait bien trop à mon goût. Mais comment aurais-je pu lui dire que j’étais un triton ? Elle m’en voudrait toute sa vie pour lui avoir caché ça pendant déjà deux ans. Alors je ne pouvais simplement pas lui dire maintenant. Elle savait bien, que je fuyais l’eau maintenant. Elle me connaissait mieux que personne, et depuis que j’avais abandonné mon boulot au marineland pour devenir marchand de glace, elle me prenait pour un fou. Je lui avais juré que ce n’était que provisoire, que ma passion pour les animaux marins reviendrait vite, mais je savais qu’elle me soupçonnait de lui cacher quelque chose. Alors pour essayer de rattraper le coup, je lui avais raconté le plus gros mensonge de toute ma vie. C’était deux ans plus tôt, quelques semaines après ma transformation. Quelques semaines après notre voyage à Hawaii, l’été de nos 18 ans.

flashback one. UN AN ET DEMI PLUS TOT. ‘ « Fev, ça va ? t’as l’air bizarre depuis quelques temps... » Mon cœur fit un bond à ces paroles. Je me tournai vers elle, l’air ailleurs, et affichai un sourire confiant sans pour autant la regarder dans les yeux. « Pourquoi tu dis ça grosse quiche ? » L’une de nos grandes passions dans la vie –juste après faire chier tout le monde autour de nous – c’était de se balancer des surnoms ridicules et de se donner des paris débiles. Malheureusement ce jour-là, elle ne semblait franchement pas vouloir plaisanter, et je vis en l’observant finalement sérieusement qu’elle s’inquiétait vraiment. « Je sais pas… tu dis que tu veux plus t’occuper des dauphins, t’as pas été nager depuis trois semaines, dès que je te demande de m’accompagner à la plage ; tu esquives en prétendant une autre quelconque sortie… » Vite, il fallait que je trouve une excuse. Je l’observai un moment sans rien dire, puis j’haussai les épaules d’un geste qui se voulait indifférent. « Pff, tu racontes n’importe quoi ! J’esquive pas. » Je marquai une courte pause en réfléchissant à ce que je pouvais bien dire. « c’est juste que… tu sais, on vit en Australie depuis toujours, alors le soleil, la mer, ça me saoule un peu… et puis j’ai enfin compris qu’être éleveur de dauphin c’était un rêve de gosse, que ce n’était pas réalisable. T’inquiète pas pour moi Jet, ça va ! » Mon cœur se serra un peu à cette annonce. Bien sûr que non, ça n’allait pas. J’étais obligé de lui mentir, alors qu’elle était probablement la seule à me comprendre d’habitude. Je mourrais d’envie de lui dire la vérité… que j’avais d’autres amis dans l’océan, que je vivais mon rêve pleinement depuis ma transformation, que je pouvais nager avec les dauphins autant que je voulais… mais c’était tellement dur. Je la connaissais assez pour savoir qu’elle se sentirait trop exclue. Elle avait toujours été cette personne jalouse et sensible, possessive au plus haut point, et si je lui disais la vérité à mon sujet, elle voudrait savoir tout le reste. Qui d’autre était comme moi, comment l’avais-je appris, etc… et si ça devait se passer, je serais obligé de trahir le secret de toutes les sirènes de la planète avec elle. « Ouais. Ok. Je vois. Plaque tout, c’est pas grave. C’est pas comme si tu rêvais d’être dresseur depuis genre, treize ans. » L’ironie dans sa voix me heurta de plein fouet. Elle ne comprenait visiblement pas. Elle me connaissait trop pour savoir que toutes ces histoires n’étaient pas crédibles. Je commençais à m’énerver. Jet était ce genre de fille exaspérante qui, dès qu’elle veut savoir quelque chose, ne lâche jamais prise. Je savais au fond, qu’elle pensait à quelque chose de totalement à côté de la plaque. Elle me reprochait en quelque sorte de passer un peu moins de temps avec elle, et j’étais sûr qu’elle pensait que j’avais une liaison secrète. C’était tout à fait son genre de penser ça, tellement elle voyait le mal partout ! Comme si j’aurai pu lui mentir sur ça ! D’ailleurs, j’aurai préféré que ce soit ça. Ça aurait été beaucoup plus facile à avouer. Je poussai un soupire las. « Jet… » Je m’approchai d’elle pour la prendre dans mes bras, mais elle me repoussa violement. Quelle pouffe celle-là quand elle s’y mettait alors ! Je pris un ton neutre, presque effacé, et priai pour qu’elle me croit. « Jet. Je vais te dire la vérité OK ? mais tu me promets que tu diras rien à personne, hein ? » Son visage s’éclaircit dans un mélange d’inquiétude et de peur. « Quand on était à Hawaii… je suis allé surfer avec un des mecs qu’on avait rencontré, Haruan, tu te souviens ? » Elle hocha la tête pour m’inciter à continuer. « Et bhen, j’ai failli mourir. » Un hoquet de surprise lui échappa. Et je dû faire de mon mieux pour me concentrer sur mon histoire sans rigoler ou sans culpabiliser. « Une vague énorme est arrivée, je suis tombé de ma planche, le courant m’a emporté très loin, j’ai bien du avaler plus d’un litre d’eau salée d’un coup. » Elle semblait vraiment choquée, et au fond de moins, je me dis que j’étais le roi des crétins. Pourquoi inventer une histoire dans ce genre, si c’était pour la faire culpabiliser et pour la rendre vulnérable ? Puis je me souvins du secret, et du fait qu’il fallait à tout prix le proteger. « Si Haruan n’avait pas été là… je ne sais pas qui aurait prévenu les secours. Je suis désolée, Jet j’aurai du te le dire plus tôt, mais depuis je fais des cauchemars, j’ai peur de l’eau, c’est affreux, je ne veux plus jamais revivre ça. » Elle ne dit rien pendant encore quelques secondes, digérant la nouvelle, puis elle éclata en sanglots. Elle avait beau être une de ces pestes manipulatrices et fouineuses, elle n’en restait pas moins ultra-sensible. Elle me prit dans ses bras, me serra fort et murmura doucement ; « Oh je suis désolée mon loulou.. je pensais que tu me cachais quelque chose.. je ne savais pas que c’était si grave… tu aurais dû me dire, je ne t’aurai jamais jugé pour ça ! » Elle hésita un peu, se pinça les lèvres, puis ajouta faiblement : « Je pense que tu devrais le dire à tes parents, Fev. Ils s’inquiètent aussi tu sais... personne ne comprend vraiment ton éloignement soudain. »

real time. Un violent coup de coude dans les côtes me ramena au moment présent. Deux ans étaient passés depuis ce jour-là, mais parfois… j’avais encore l’impression qu’elle ne me croyait pas, et je savais surtout, que bientôt, je serai obligé de lui dire la vérité. En suivant son conseil, j’avais raconté à tous mes autres amis et aux gens proches de moi que j’avais failli me noyer, et depuis, on me laissait un peu tranquille de ce côté-là. Bon, il y avait toutes ces sirènes aussi, que j’avais rencontré dans la mer, notamment près de l’île de Mako. J’ignorais totalement qu’il existait d’autres personnes transformées, jusqu’à ce que je comprenne enfin comment marchait la transformation. La plupart des sirènes et tritons que je connaissais avaient étés changés ici, mais il existait partout dans le monde d’autres volcans maléfiques qui permettaient de devenir l’un des nôtres. Ayant passé toute ma vie à Cooktown, près du plus célèbre repère de sirène, on aurait pu s’attendre à ce que mes écailles soient de la même couleur que celles qui caractérisaient ce clan… mais non. Moi, je suis devenu ce monstre sur l’île d’Hawaii, il y a deux ans, pendant ce qui aurait dû être les meilleures vacances de ma vie. Mes écailles étaient donc d’un rose pâle, pas franchement viril qui me faisait encore plus haïr ma situation.

flashback two. 2 ANS PLUS TOT. HAWAII. Isis et moi-même étions sur la plage à dorloter tranquillement. Le soleil commençait à tomber, dans quelques secondes il ferait déjà presque nuit. Isis avait soif, alors elle se leva pour aller chercher un truc au ’small bar’ planté au milieu de la plage hawaiienne. Le problème avec Jet, c’est qu’elle n’aimait rien faire seule, et qu’elle me traina de force jusqu’au comptoir pour que je commande à sa place. Victime. J’étais vraiment une victime avec elle, soumis comme un esclave ; mais malgré tout, ça me faisait plaisir parce qu’elle était comme ça et que j’avais la chance de l’aimer comme elle était. « Hé salut. Il y a une fête sur la plage ce soir, vous pourriez peut-être venir tous les deux ? » Une jeune brune, qui devait avoir notre âge (ou dans les environs), posa son regard vers nous. Jet-Isis et moi avions décidé de venir ici tous les deux cet été, pour découvrir une nouvelle île et s’éloigner un peu de notre Australie natale où on vivait toujours depuis. Ça faisait déjà deux semaines qu’on était là, et il nous en restait encore deux pour profiter de la plage, de la mer, des gens d’ici, et des piña-coladas célèbres qu’on servait ici. La première semaine avait été superbe, j’avais passé d’excellents moments avec Isis, à bronzer sur la plage, à faire du surf, à boire des cocktails en se baignant. La deuxième avait été un peu plus plate, parce qu’on commençait quand même à tourner en rond et à s’ennuyer. Quoi qu’il en soit, la jeune brune nous regardait toujours, attendant visiblement une réponse pour ce soir. Je me tournai vers Isis, le regard pétillant. Elle haussa les épaules d’un air indifférent, et j’en conclus qu’elle était un peu jalouse. Elle n’appréciait pas vraiment que d’autres filles canons me parlent. Et pourtant… dieu seul savait qu’il n’y avait jamais rien eu de ce genre entre ma meilleure amie et moi. Beaucoup de gens, dont nos propres familles et nos amis communs, pensaient qu’on terminerait ensemble, en couple forcément, mais jusqu’à présent, il n’y avait pas eu la moindre once de romance entre nous. Je la connaissais depuis genre… toute ma vie. J’avais fait la crèche avec elle, j’avais balancé de la peinture dans les cheveux des filles de maternelle avec elle, j’avais foutu des claques aux mecs de l’école primaire qui se moquaient d’elle, j’avais pris ma douche cent fois avec elle, je connaissais son corps par cœur sans jamais y avoir touché, je savais d’avance ses choix, ses envies, ses peines. Bien sûr que nos amis pouvaient douter, mais nous, on savait ce qu’on était. Des amis. Accoudée sur le bar, la brune nous observait toujours. « Ouais pourquoi pas ! ça pourrait être sympa. » répondis-je enfin en lui adressant un sourire fragile. A son tour, elle sourit en tirant sur son pareo. « Super. Ça commence à 22h, on se retrouve ici ? Je m’appelle Sea-Leven au fait. » Elle passa la main dans ses cheveux avec un air de trigresse prête à l’attaque. Ouaw. Les filles ne m’abordaient jamais vraiment en général… je me demandais si celle-ci était myope ou quoi. En tout cas, son expression m’intrigua vraiment, et j’hésitai un instant avant de répondre à mon tour ; « Super, moi c’est Fevër et elle c’est Je… » Jet souffla bruyament en rejettant sa chevelure en arrière. « Jet-Isis, ravie. Allez on bouge. » dit-elle d’un ton sec. Et elle me prit la main pour m’entrainer vers la maison qu’on avait louée. Le ciel était vraiment gris maintenant, et c’était impressionnant de voir à quel point le soleil se couchait tôt dans les tropiques, avec une vitesse aussi folle. En regardant les étoiles, je m’aperçus que c’était la pleine lune.

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« Non mais je rêve, t’as pas vu comment elle s’est jetée sur toi ? elle exagère quoi ! On aurait dit une espèce de girafe enflammée sans aucun complexe prête à te violer sur la plage ! » Jet, quand elle était énervée, me faisait toujours rire. Elle exagérait les choses avec une certaine facilité, ce qui rendait la situation d’autant plus comique. Elle agitait ses bras en débitant quinze mots par secondes, pendant que moi, je repensais à cette fille. Quelque chose chez elle m’avait vraiment semblé bizarre, mais je ne savais pas franchement quoi. C’est vrai qu’elle s’était un peu jetée sur nous comme un prédateur, mais la façon dont elle avait parlé semblait presque surnaturelle. « Hého ! Ho ! Fevër tu m’écoutes ? je suis en train de te dire qu’une psychopathe essaye de t’appâter et toi tu t’en fous ? ouais c’est ça, c’est pas grave, tu préfères penser à ses jolis seins et à sa belle gueule d’ange ? *Je m’apelle sea-leven, gnagnagna* tu y penseras moins quand elle t’aura découpé en morceaux et jeté dans un caniveau demain matin ! SAUF QUE TU POURRAS PLUS PENSER ! et tu sais pourquoi ? PARCE QUE CETTE FOLLE FURIRUSE VA TE TUER ! » Ok. Isis était vraiment barge parfois. Mais je l’aimais aussi pour ça, non ? Pendant dix minutes, son sketch continua.

Enfin, elle se calma et me dis d’une voix plus calme ; « Bon tu veux vraiment y aller à cette soirée sur la plage ? » Un sourire large s’installa sur mon visage imberbe. Et voilà, je la connaissais vraiment mieux que moi-même. Elle mourrait d’envie d’y aller, mais allait surement prétexter un mal de ventre où quelque chose dans le genre. J’hochai la tête d’un signe approbateur et elle se mordit la lèvre en réfléchissant. « Je sais pas… j’ai un peu mal à la tête là… » Je connaissais sa technique. C’était la même tout le temps. Maintenant, il fallait que je lui dise à quel point il fallait qu’elle vienne, parce que j’avais besoin d’elle pour passer une bonne soirée, et ça irait. « Jet, si t’as mal à la tête c’est parce que tu viens de t’époumoner pendant plus d’un quart d’heure sur une fille que tu connais même pas. » Elle pinça les lèvres, vexée. Je m’approchai un peu d’elle et attrapai sa taille en l’englobant dans mes bras. « t’es vraiment chèvre isette, si tu viens pas je vais passer une soirée merdique alors bouge tes fesses pour prendre une douche et te faire belle parce que ce soir on va s’é-cla-ter ! » Elle rigola faiblement, de ce rire cristallin et franc que j’aimais tellement. Elle se retourna pour poser les mains sur ma nuque, et me regarda dans les yeux. « Et cette pétasse de Sea-Leven, on l’emmerde ok ? si elle t’approche je la décapite ». Voilà, je reconnaissais ma Jet à moi. Elle s’engouffra dans la salle de bain pour se préparer. Quant à moi, je décidai de faire une petite sieste en attendant qu’elle sorte de là ; vu qu’elle allait encore y passer trois heures.

real time. « Hého ! t’as l’air ailleurs ce soir, tu penses à quoi Fifi ? » s’écria Jet-Isis. C’était vrai, depuis quelques temps, j’étais toujours perdu dans mes pensées. Seulement, je ne pouvais pas lui dire que je pensais à cette soirée, deux ans plus tôt où ma vie avait basculée. Déjà, je lui avais promis d’oublier, parce que ça avait tourné à la catastrophe, pour elle comme pour moi, et aucun de nous deux n’aimait parler de cette histoire. Mais surtout, elle le prendrait vraiment mal, si je lui disais que je pensais à Sea, alors qu’on était tous les deux, seuls, assis dans l’herbe fraichement taillée au milieu des rochers en savourant l’air tendre du milieu de la nuit. Ça commençait à devenir une habitude chez moi, alors une fois de plus ou de moins… je décidai de lui mentir. « Je pensais.. oh, tu sais… à cette dernière année. Ton coma, et tout ça… » Elle ne sut pas tout de suite quoi répondre. Un long silence s’installa, pendant lequel elle tourna les yeux vers moi et m’observa attentivement. « Fifi.. je t’ai déjà dit d’arrêter d’y penser… c’est bon, on oublie cette période ok ? Je vais mieux maintenant, et heureusement que tu étais là pour me raconter tous les derniers ragots croustillants de Cooky. » Elle m’attrapa le bras et posa sa tête sur mon épaule. Je passai le mien derrière son dos fragile et la serra fort contre moi. Elle était toute petite, délicate et fragile. Je n’aurai jamais du repenser à cette dernière année… je ne me sentais plus vraiment bien maintenant, beaucoup trop de choses me trottaient dans la tête. « Ferme les yeux, ne parle plus… oublie, d’accord, pense à quelques chose de joyeux. » De joyeux. Non c’était beaucoup trop dur, maintenant que j’avais soulevé le cas coma, je ne pouvais plus me détacher de ce souvenir douloureux. Trois semaines, m’avait-elle dit. Si seulement six longs mois de crainte et de terreur ne s’étaient pas rajoutés derrière.


flashback three - un an plus tôt. Les petits bras fragiles d’Isis m’entourèrent soudain, avec une force que je n’aurai jamais cru possible qu’elle possédait. « Fifi, c’est trop long deux semaines. Comment je vais faire hein ? Deux semaines sans toi… » Deux semaines, sans elle, loin de ma meilleure amie, c’est sûr que ça allait être long. Mais nous n’étions pas vraiment à plaindre finalement. Jet allait rejoindre son cousin, Aloys, à Sydney pour les vacances. Moi, je partais dans une autre petite ville d’Australie, chez mon cousin Woody. Au moins, aucun de nous ne restait seul pendant que l’autre partait. « Profite bien de tes vacances Isette, et fais des câlins à Lolo pour moi ! » Lolo. Aloys. Quel crétin ce mec ! Mais malgré tout, je l’aimais bien. Il n’était pas franchement un exemple de chasteté et de comportement pour un petit gars comme moi, mais du haut de mes dix-huit ans et demi, j’arrivais à ne pas trop le prendre pour un moins que rien. Il m’apprenait... les bonnes choses de la vie ! Il était un peu ce frère imaginaire dont j’avais toujours rêvé. Isis déposa un baiser sur ma joue et parti rejoindre le train qui l’emmenait chez son cousin.

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J’étais venu en voiture jusque chez Woody. Il habitait chez le troisième frère de mon père, un oncle que je ne connaissais pas bien et qui, je dois vous l’avouer me faisait parfois un peu flipper. En arrivant, ils étaient tous les deux-là, prêt à m’accueillir. Woody avait franchement une vie de merde. Le genre de vie qu’on invente, tellement c’est pas possible qu’elle soit vraie. Et pourtant, mon cousin avant bien vécu toute ses atrocités. Mon oncle, son père en fait, était mort dans un accident de bateau quand j’avais douze ans. Depuis ce jour-là… le bateau était un peu tabou dans la famille. Mais moi, j’adorais l’eau, et surtout la mer. Jusqu’à ce que cette foutue transformation ne m’atteigne. Désormais, je comprenais Woody et cette crainte qu’on pouvait avoir après un tel traumatisme.

La plantation d’Ananas de notre vieil oncle n’était pas l’endroit le plus excitant du monde. Heureusement qu’il y avait le net et surtout les jeux vidéo dans le salon. On était donc tous les deux avachis sur le canapé, à frapper sur nos manettes comme si c’étaient-elles, les ennemis, et non pas les petits trucs bloqués dans l’écran. Le téléphone sonna. La sonnerie du fixe du vieil oncle était aussi pourrie que sa baraque à vrai dire, c’était le genre de sonnerie à l’ancienne, qui vous transperce les oreilles. « Répond vite Wood ça me pète le crâne ce son ! » Il me regarda avec cet air désolé, à mi-chemin entre le « oh pardon » et le « je vais faire exprès d’aller encore plus lentement pour te faire chier, cousin chéri ». J’envoyai un oreiller valser sur sa tête et il rigola légèrement avant d’enfin se diriger vers le téléphone. « Oui ? » Il était deux heures du matin. Je me demandais bien qui pouvait appeler à cette heure-là… un barge sans doute. Woody eut un air déconcerté. Il me regarda sans comprendre et annonça d’une petite voix ; « Euh.. il dit qu’il veut parler à Fevër, je crois que c’est pour toi cousin. » Pardon ? Seule Isis était capable de m’appeler si tard parce que je lui manquais trop. Hors, woody avait parlé d’un « il ». J’attrapai le fixe sans comprendre et demandai poliment qui c’était. « Fevër? » Aloys ! Je reconnais sa voix grave, masculine et si virile. Seulement là, je ne pouvais m’empêcher de me dire que quelque chose clochait. Jet était encore en vacances chez lui à cette période-là. Et Loys ne m’appelait pas souvent pour parler de la pluie et du beau temps. « Heu, désolé de pas avoir appelé plus tôt, Jet a eu un accident cet aprem, en bateau, et… bref, elle est à l’hopital là, elle aurait voulu que je te prévienne donc si tu veux passer la voir.. » Aloys n’était décidément pas doué pour annoncer des mauvaises nouvelles. Il n’avait aucun tact, aucune pitié, je l’avais toujours considéré comme un batard fini. Mais un batard attachant quand même… quoi que là, je ne comprenais strictement rien à ce qu’il essayait de me dire. Accident ? Bateau ? « Aurait voulu » ? Il m’expliqua plus en détail l’accident. Il avait pris un autre bateau de plein fouet, Isis c’était pris la barre de commande dans le front, elle était entrée dans un coma profond. Il fallait que j’aille la voir maintenant. Il fallait absolument qu’elle se réveille… et même si ce n’était pas franchement habituel chez moi, j’explosai en sanglots.

real time.

flashback four. transformation

real time.

chronologie.
1- naissance. 29 Novembre 1992 à cooktown, australia.
2- amitié. depuis toujours, Jet-Isis et Fevër sont meilleurs potes.
3- été 2010. voyage à Hawaii avec Isis.
4- transformation en triton. 15 aout 2010 à cause de Sea-Leven B-Oksley > cf flashback 2 et 4.
5- 18 ans. 29 Novembre 2010.
6- protection. invention du mensonge > cf flashback 1.
7- coma.Jet-Isis > accident de bateau ; coma pendant 8 mois > cf flashback 3.
8- real time. arrivée de Sea-Leven à Cooktown.