• Avez-vous des rêves ou des espoirs pour le futur ? Mon rêve, très franchement, c'est devenir une sirène. Ou un tritton, j'm'en fiche. Faire parti du peuple de l'eau, quoi. Ca doit être merveilleux, que de pouvoir se déplacer à volonté comme ça, sous l'eau. Puis j'ai vu une sirène et alors, j'ai su que c'était possible. Je me doute bien que mon petit emploi d'infirmier ne me rapportera pas grand chose, alors autant rêver de pouvoir passer plus de temps sous l'eau.
• Dans la vie, on a des hauts et des bas. Si vous deviez nous raconter le souvenir le plus heureux de votre vie, lequel serait-il ? Mon plus beau souvenir ? Ca a été lorsque j'ai entre-apperçu une forme au loin, pendant une de mes plongées. Je pensais à une otarie, mais il n'y en avait pas. Ce n'était pas non plus un dugong, plus fin. Non, c'était une sirène, j'en suis sûr. Je l'ai vu venir un peu vers moi et j'ai vu ses bras. Aucun poisson n'a de bras. Depuis, je ne fais qu'en rêver. Reverai-je le peuple des mers ? Pourrai-je les rejoindre ?
• Si vous aviez l'opportunité de remonter le temps, quel événement de votre vie changeriez vous ? Aucun. Ma vie est telle qu'elle est, j'en accepte les pleines conséquences. Je ne trouve pas avoir fait de grands sacrifices ou d'erreurs monumentales (à part une garce ou deux), donc je ne m'en veux pas. Et de toute manière, si j'avais voulu changer mon passé, je l'aurai déjà fait et je n'en saurai rien. Logique, hein ?

• Vivant dans une petite ville côtière, aimez-vous vous aller nager ou profiter des plages de Cooktown ? Bien sûr ! C'est même la première chose que je fais après avoir fini ma journée ! Dès que c'est bon, que le dernier clampin s'est fait recoudre la main, je prend la voiture pour aller à la plage (il y a 200 mètres, mais la voiture me sert de cabine pour me changer) et je vais à l'eau ! Avec un baton anti-requin, histoire de pouvoir repousser les mauvaises rencontres, mais à l'eau !
• Avez-vous déjà assisté à un phénomène étrange ou surnaturel ? Eh bien oui. J'ai déjà vu, un peu au loin, une sirène. Si si, une sirène. Ou tout du moins un poisson avec des bras, et il n'y en a pas. C'était une sirène et ça prouve bien qu'ils existent.

Je m'appelle Kade Ethan Cowden et ceci est mon histoire. Ou tout du moins son petit début, parce que du haut de mes 22 ans, je ne suis pas vraiment sur de pouvoir appeler ça une histoire.
Bref, tout débuta à Townsville, à 660km de Cooktown (là où nous nous trouvons). Townsville, c'est une ville de 100.000 habitants ou quelque chose comme ça, très sympathique avec un grand port et une consonance française. Elle est -d'après wiki- considérée comme la capitale de l'état mais on s'éloigne.
D'après la vidéo, à ma naissance, j'étais moche.
Mais j'ai été très bien accueilli, ma mère et mon père prenant très bien le fait que j'ai fini de couver pour mieux les embêter six mois durant pour apprendre à faire mes nuits.
Niveau nom, on me nomma Kade. Un nom typiquement australien, on ne s'étendra pas trop dessus, donc. Ethan était le prénom de mon grand père anglais, que je n'ai pas vu beaucoup de fois d'ailleurs.
Et Cowden, mon nom de famille, pas trop trop dur là non plus.
Dans ma famille, je suis le fils unique de mon père, un employé d'une boîte de transport de container. Né plus dans le sud, il avait été muté là-bas et s'était amourachée de celle qui est devenu ma mère, une jeune femme qui s'est avérée être une serveuse de Starbucks. Maintenant, elle bosse comme gestionnaire de l'échoppe, mais ils m'ont raconté pendant un moment leur doux manège de l'amour, l'un et l'autre valsant dans le café à se plaire mutuellement.
Aujourd'hui je pense que ça s'est passé de manière moins romantique que ça. Mais bon, je ne veux pas savoir, en fait.
Donc, ma mère. Une femme assez sympathique. Je la voyais moins que mon père, à cause de ses horaires au début pas vraiment flexibles, mais au final ça s'est arrangé et elle m'a pleinement élevée, mon père jouant un plus petit rôle durant l'enfance pour ensuite augmenter après mes onze ans.
Mon enfance en elle-même se passa bien. J'étais relativement bon à l'école, travaillant correctement et passant... correctement les années.
Sur une photo, on me voit en uniforme et autant vous dire que j'étais mieux avec cette cravate qu'en tenue de naissance tout fripé.
Puis mes parents décidèrent que changer d'air ne serait pas trop trop mauvais. La vrai raison de mon "exil" un an après mon entrée dans le cycle d'enseignement suivant m'est inconnue, mais dans les journaux de l'époque on parlait pas mal d'amiante. Une sorte de pseudo psychose, quelque chose d'assez bizarre. Aussi j'ai été envoyé vivre chez ma grand-mère maternelle, 600km plus au nord, dans le petit patelin sympathique de Cooktown.
J'avais donc 13 ans lors de ma rentrée en classe dans le collège de la ville.
Et qui dit petit village dit petite population, alors forcément, on était bien plus à pouvoir s'amuser ensemble. Un petit temps passé à me demander ce que c'était qu'une ville avec des bâtiments de 10 étages, le cru local m'a gobé tout cru et j'ai passé mes après-midi torse nu avec la moitié de ma petite classe à jouer sur la plage, au nord de l'école. Bon, il paraît que les crocodiles avaient happé un gosse quelques années avant, mais on n'en a pas vu durant nos péripéties. En fait, c était assez bien surveillé, tout le village jetant régulièrement un regard sur les baroudeurs en herbe que nous étions. A croire que tout le monde croyait qu'on allait se changer en démon dès que l'on serait seuls...
Bon, à l'époque j'étais aussi assez crédule. Fallait dire que ma grand-mère était un peu gaga et me racontait tout le folklore local plus un peu tout ce que les immigrés avaient bien pu rapporter au cours des quatre-cinq derniers siècles. Et forcément, au bout d'un moment, je dormais avec un grigri amérindien étrange qui était sensé éloigner les mauvais rêves (il est très bien au rétroviseur de ma voiture), je croyais dans les fées et les sirènes. Pas "croire" comme le père Noël, allez pas penser ça. Non, je savais bien que le masochiste en mode "je fais un sauna vestimentaire en plein été à la plage", c'était du chiqué. Mais bon, les petits peuples et le peuple de l'eau, pourquoi pas ? Après tout, il y avait bien des rumeurs étranges ici pour les sirènes, alors bon.