• Avez-vous des rêves ou des espoirs pour le futur ? Honnêtement, je suis plutôt le genre de fille à vivre au jour le jour. Je n'aime pas imaginer mon futur, de peur d’être déçue. Bien sur, au début, grande rêveuse que je suis, je m'imaginais un monde de bisounours ou tout était beau. Malheureusement, la réalité nous rattrape vite, ce qui nous oblige à ouvrir les yeux et à grandir.
• Dans la vie, on a des hauts et des bas. Si vous deviez nous racontez le souvenir le plus heureux de votre vie, lequel serait-il ? Je pense que c'est le jour où moi et ma famille étions allés à Disney-land lors de mes douze ans. Pas une seule dispute lors de cette journée, ni de chamaillerie. Les queues n'étaient pas longues (je sais, c'est peu probable un jour de vacances), et le soleil éclairait tout le parc. Mais ce que je n'oublierai jamais, était les photos souvenirs dans les manèges à sensation. Juste tordant.
• Si vous aviez l'opportunité de remonter le temps, quel événement de votre vie changeriez vous ? Aucun. D'ailleurs, les machines à remonter le temps n’existent pas donc la question ne se pose pas. En tout cas, j'ai eu la belle vie alors pas de quoi m'en plaindre.

• Que pensez-vous des découvertes récentes et inhabituelles dans les fonds du Pacifique près de Cooktown ? C'est vrai quand ce moment, nos découvertes sont très étranges. Jamais je n'avais vu ce genre de chose auparavant. Le gaz sortant des roches volcaniques est quelque peu étrange. Mais bien sûr, nous redoublons tous d’effort pour trouver le pourquoi du comment. Une façon amusante pour nous, de résoudre ce problème et enfin apporter des réponses.
• Avez-vous l'intention de dévier de vos ordres de recherches pour creuser cette nouvelle piste ? Curieuse comme je suis, il est fort probable que je dévie les ordres pour pouvoir trouver les réponses à mes questions. Je suis connue pour être douée dans mon métier, ce qui m'oblige à être au top et à élucider cette énigme.

L'enfance. Voilà une période de notre vie que l'on aurait dû beaucoup plus chérir. Née d'une famille modeste le vingt huit juillet mille neuf cent quatre-vingt neuf, ma vie n'était pas aussi désastreuse que je l'aurai crû. A cette âge là, je ne pouvais savoir qu'elle était le secret de la famille Burnett. Non, je ne me souciais pas d'une seule seconde de mon lourd passé qui allait, en tout cas, bientôt me rattraper. Les jours défilèrent vite et les saisons changèrent petit à petit. Rien d'extraordinaire ne s'était produit entre temps. Seulement une vie paisible et normale. On dit souvent que la famille est la chose la plus importante au monde. Qu'entre les amis et les parents, le choix était vite fait. Pourtant, quand j'y repense encore aujourd'hui je me dis souvent ce qu'il se serait passé si mon choix s'était porté sur l'amitié. Aurais-je été plus heureuse ? Honnêtement, je ne crois pas. Pour moi, rien n'aurai changé.


Quatorze janvier mille neuf cent quatre-vingt quinze. Du bout de mes lèvres charnues, je marmonnais le texte gras, défilant devant mes petits yeux marrons remplis d’excitation. Déjà dans mon esprit, je voyais les personnages, jouant leur rôle face à moi. Tout paraissait si réel. Le sourire au lèvre, je sentais le monde se figer autour de moi. Plus rien ne pouvais m’arrêter dans cette lecture intrépide. Je n'entendais plus les murmures du vent, ni le chant des fleurs, se balançant au rythme de la musique. Il ne restait plus que moi et ce livre de conte. Déjà six étés s'étaient écoulés depuis ma naissance. Pour moi, tout était passé si vite. Encore innocente, je ne pouvais me rendre compte de la réalité des choses. Pourquoi se poser des questions alors que je n'étais qu'une enfant ? Pourquoi se creuser la tête si cela était pour être déçue du résultat ? Alors que je pourrai m'évader dans le monde de Blanche-neige et les sept nains. De nouveau mon visage prit un air sérieux. Je tournais les pages minutieusement, de peur de les arracher. A cette époque là, je ne pouvais m’empêcher de penser par ''et si …''. Et si j'avais été comme blanche-neige ? Et si ma famille était riche ? Et si mon prince charmant était tout près ? Pourtant le temps m'avait appris une chose, ne jamais regretter ses actes, qu'ils soient abominables ou non. Tout ce qui comptait était de vivre au jour le jour. Puis, au loin, un rire strident retentit. Une petite moue boudeuse se marqua sur mon visage montrant à quel point je n'aimais pas être dérangée lorsque je m'évadais de ce monde. « Hey, tu lis quoi ? » D'un claquement sec je refermais mon ouvrage pleine de frustration. Relevant la tête, toute ma colère tomba en miette quand je vis son sourire éblouissant. « Oh, ce n'est que toi Hunter. » De suite, je me remis dans ma lecture, ignorant le jeune garçon face à moi. Bien qu'il se mit à crier ou à me secouer pour me sortir de ma bulle, rien ne marcha. «  T'es trop sérieuse Holden ! Il n'y a pas que les bouquins dans la vie ! » me dit-il à bout de nerf. Puis il repartit sur ses pas et prit le chemin du retour. Ce garçon là, bien que je pouvais dire sans arrêt que je ne le supportais pas, je ne faisais que penser à lui nuit et jour. Étrange pour une gamine de six ans. Pour moi, ce n'était pas de l'amour mais seulement de l'affection. Il était le seul à essayer de me faire rire ou de m'intégrer aux autres. Depuis qu'il avait emménagé près de chez moi il y a un an, ma vie était devenue plus harmonieuse. « Attend ! Je viens avec toi ! ». Jetant mon ouvrage au sol, je me rouais sur lui, le sourire aux lèvres.

Douze décembre deux mille cinq. Je marchais d'un pas lent, montant les escaliers au ralenti pour ne pas me faire repérer par les parents. Entrant dans ma chambre, j'ouvris ma fenêtre et l'aperçu à l'autre bout. Celui-ci sortit une planche en bois et commença à marcher dessus. « Attention ! Tu vas tomber comme ça. » lui dis-je toute angoissée. S’arrêtant en plein milieu du chemin, il se mit à rire et me regarda droit dans les yeux. « T'inquiètes pas, je sais très bien que si je tombe, tu seras là pour me rattraper. » S'approchant de la fenêtre, il descendit puis s’essaya sur mon lit. Remarquant mon regard ahuri il ne put s’empêcher de me faire toujours et encore la même remarque. « T'es trop sérieuse Holden ! » Puis chacun de nous deux se mirent à rire. Il ne se passait pas une seule journée où il ne me rabâchait pas cette phrase. D'ailleurs, il n'y avait que lui qui pouvait se moquer de moi de la sorte. Notre amitié était si forte que tous les vendredis soirs, nous faisions une soirée clandestine où nous étions les seuls à participer. Ce jour là, la lettre P était à l'affiche. Le but était très simple, on faisait un plat commençant par cette lettre et regardait un film ayant ''P'' comme premier mot. Des pâtes au menu avec le film Pathfinder en salle. Je me rappelle encore aujourd'hui que lors de cette soirée, nous étions restés à parler toute la nuit jusqu'à huit heures du matin. Ça, c'était une vraie nuit blanche.

Vingt-six septembre deux mille huit. L'université fut un nouveau départ pour moi. Une façon de quitter tous ceux que je considérais comme mes amis. Pas même avec Hunter je n'avais gardé contact. Je voulais recommencer une nouvelle vie et profiter de mes études tranquillement. Les autres n'auraient été qu'une gène pour moi. Être seule était parfois la meilleure chose à faire. Ne savant toujours pas ce que je voulais faire de ma vie, mes options furent très larges. Cela pouvait être de la littérature, de la psychologie, des sciences, etc. D'ailleurs, je ne mis pas longtemps avant de savoir que la littérature, ce n'était pas mon truc. Ce que l'on étudiait : les contes, principalement ceux de la petite sirène. Pour moi, ce genre de chose n'était que des balivernes obligeant aux enfants à ce faire de fausses idées sur leur monde. Voilà une chose que j'avais pu retenir pendant toutes ces années. Rêver ne servait à rien. Et finalement, ce fut les sciences de la terre que je choisis. Ce que j'aimais le plus était de découvrir les secrets que regorgeait notre mystérieuse planète bleue. D'ailleurs, je fus majeur de ma promo. Super mais bon, la gloire ne m’intéressais pas.

Les gens disent souvent de moi, que je suis le genre de personne à être très terre à terre. Certains n'osent pas venir m'approcher. Pour quelle raison ? Honnêtement, je n'en ai aucune idée. Je suis simplement réaliste. Je n'en vois pas le mal. Mais bon, il m'arrive quelques fois de jouer le jeu et de montrer celle que je ne suis pas. Ce qui peut être assez amusant, parce que, je dois dire que, manipuler son entourage est amusant et distrayant.


Vingt avril deux mille douze. Avez-vous déjà entendu cette histoire. Celle racontant l'abandon d'une pauvre enfant. Si la réponse est non, alors vous devez absolument la connaître. Il arrive très souvent que, dans une famille de classe moyenne, le nombre d'enfant peut être quelquefois élevés. Dans ces cas-là, il n'existe qu'une seule solution. L'abandon. C'est ce qui est arrivé à l'une des familles de Cooktown. Bien que ce geste fut éprouvant, les parents n'avaient pas le choix. C'était horrible, horrible de devoir choisir entre ces deux enfants. Celle que l'on veut garder et celle que l'on va abandonner. Pourtant, ce choix là avait été fait sans hésitation. Aucun regrets ni remords. Pas même une seule larme. Aujourd'hui, âgée de vingt trois ans, j'avais enfin pu retrouver ma sœur, qui fut d'ailleurs, un pur hasard. Cette rencontre remontait maintenant à quelques mois. Je pouvais tout à fait me rappeler de la météo, des vêtements que je portais ce jour-ci, d'absolument tout. D'ailleurs, quand mon téléphone avait sonné, je me trouvais assise, sur mon fauteuil, regardant les pages d'un magasine. « Allo, Holden ? C'est moi. Il faut … il faut absolument que je te demande un truc. Humm, est-ce que tu étais à mon magasin tout à l'heure ? » Ça réponse m'étonnait quelque peu. Depuis toute la journée j'étais ici, dans mon appartement. « Mais qu'est-ce que tu racontes, voyons. Je suis chez moi là. » A l'autre bout du fil, j'entendis sa gorge se racler puis le son de sa voix se mit à trembler. « … Mais mince ! Je suis pas folle, je t'ai bien vu dans les rayons du magasin. D'ailleurs, je suis même partie te faire la bise, mais tu m'as envoyé balader. » «  Mais de quoi tu parles ? Tu hallucines ou quoi ? … Bon, j'arrive tout de suite. » lui répondis-je, mais c'est d'un ''non'' bien strict qu'elle m’arrêta dans mon élan, me prévenant que dès qu'elle reverrait cette fille, elle m'appellerait. C'est seulement quelques jours après que le téléphone retentit de nouveau. Elle était là. Celle qui apparemment me ressemblait trait pour trait. Arrivée au magasin, je voyais cette amie, essayant tant bien que mal de retenir l'autre moi. Je marchais au ralenti, ne voyant toujours pas son visage. Pour être honnête, j'avais peur, même très peur. Face à elle, mon souffle se coupa. La ressemblance était impressionnante. Le même physique, le même visage, la même voix. C'était effrayant. Il me fallut plus d'un mois pour m'y faire. Et pendant ces un mois, je ne pouvais revoir cette amie ni même cette femme. Après tout ce temps, coupé du monde, je m'étais enfin décidée à comprendre ce qu'il se passait. D'ailleurs, cela devait sûrement être la troisième fois que je rendais visite à mes parents depuis l'université. Il ne leur fallut pas longtemps avant de tout m'avouer. Quel choc. Les autres jours, je méditais, me demandant si je voulais vraiment faire la connaissance de cette fille. Malheureusement, c'était elle qui était venue à ma rencontre, et plus vite que je ne l'aurai pensé. Après des semaines à me suivre absolument partout, je m'étais alors avouée vaincu. Bien qu'au début, je ne la supportais pas, je ne mis pas longtemps avant de sérieusement m'attacher à elle. Sa petite bouille, son caractère d'enfant, tout me plaisais chez elle. En même temps, elle était devenue ma sœur, ma jumelle plus exactement. Notre histoire était loin de se terminer, non, elle venait seulement de débuter.

Treize août deux mille douze. Récemment, quelques rumeurs circulaient par-ci et par-là. D'après des collègues, leur recherches prouvaient qu'il y avait quelque chose d'anormal dans l'océan, d'inhabituelle. Curieuse comme je suis, je n'avais pu m’empêcher de faire mes propres recherches et je pouvais vous garantir qu'ils n'avaient pas tord. Jamais je n'avais vu ce genre de chose et croyez-moi, je n'allais pas m’arrêter sans avoir trouvé la réponse à ma question. Un jour ou l'autre je résoudrai ce problème.